La quatrième « carte interactive de l’eau du robinet » – qui détermine la qualité de l’eau et ses niveaux de toxicité – a été dévoilée, mi-avril, par l’Union fédérale des consommateurs (UFC)-Que choisir. Qu’en est-il dans le Sud-Ouest ?
« Une eau conforme à la réglementation pour 98 % des Français ». C’est ce qu’affirme l’Union fédérale des consommateurs (UFC)-Que choisir dans un article publié sur son site le 20 avril dernier. Sur la base des relevés des Agences régionales de santé, comprenant des analyses de l’eau réalisées entre janvier 2019 et décembre 2020 sur les plus de 34 000 communes de France métropolitaine, l’association de consommateurs constate « une eau conforme à la totalité des critères sanitaires », considérée comme pas ou peu polluée, et moins qu’auparavant. Une amélioration qu’elle attribue, d’une part, pour les petites communes à la loi NOTRe : le transfert de compétences sur l’eau aux intercommunalités a permis un meilleur financement de la dépollution des eaux. D’autre part, concernant les métropoles, « la fermeture des réseaux de distribution contaminés par les pesticides » aurait contribué à une meilleure qualité de l’eau. Cette amélioration est attribuable aux nouveaux coûteux procédés de potabilisation de l’eau, « intégralement payés par les consommateurs ».
S’appuyant sur la réglementation européenne, l’enquête réalisée par UFC-Que Choisir renseigne sur la détection de la qualité bactérienne et de divers éléments polluants, tels que les pesticides, nitrates, métaux (plomb, aluminium), poisons (antimoine, arsenic). Les niveaux de radioactivité ainsi que la turbidité de l’eau sont également pris en compte.
Mais tout n’est cependant pas parfait partout. Jugée de « bonne qualité » par l’union des consommateurs, la qualité de l’eau à Toulouse n’est, par exemple, pas pour autant exemplaire. Dans les robinets de la Ville rose, des traces de polluants agricoles ont été relevées. Bien que les seuils soient trop bas, selon les critères et réglementations européens, pour que la qualité de l’eau toulousaine en soit impactée, du nitrate et des pesticides ont été observés.
Dans des communes situées au sud-est de la Ville rose, la qualité est même jugée « médiocre ». A Cugnaux, ainsi qu’à Villeneuve-Tolosane, des « paramètres physico-chimiques » tels que des chlorites ont été détectés en trop grande quantité. Des métaux lourds, comme le plomb, ont été relevés en trop grand nombre dans les réseaux d’eau de Roques et de Frouzins. Ces éléments de toxicité ont été relevés grâce à la recherche de plus de 200 molécules de pesticides et dérivés dans le département.
Peu d’analyses en Gironde
En moyenne, chaque département ont assuré 200 recherches de molécules de pesticides et dérivés entre janvier 2019 et décembre 2020. Il y en a eu exactement 214 réalisées en Haute-Garonne, mais, en Gironde, seules 97 molécules de pesticides et dérivés ont été recherchées. L’association des consommateurs estime le nombre d’analyses départementales de pesticides effectuées insuffisant.
D’après les résultats des analyses, l’eau du robinet consommée par les bordelais est considérée comme bonne.
En revanche, plus d’une vingtaine de communes situées au nord-ouest de la métropole bordelaise possèdent une eau jugée « médiocre » dans leurs réseaux. C’est le cas à Saint-Emilion, Pomerol, Sainte-Colombe et Puisseguin où ont été observés des chlorites, nitrates et pesticides en quantité élevée.
L’association compte un million de consommateurs, essentiellement résidant en zones rurales, qui reçoivent une « eau non-conforme ». Pour elle, les pollutions agricoles demeurent les premières causes de contaminations avec 450 000 consommateurs qui boivent une eau dépassant les normes maximales en pesticides. L’union fédérale compte 48 000 personnes résidant sur le territoire français qui utilisent une eau contaminée par les nitrates.
Crédit photo : JonasKIM | Pixabay
Lisa Fégné