En écho à notre épisode « Face au mur, les mondiaux de pelote basque rebondissent »
Une start-up bordelaise a développé l’application Rematch, qui diffuse les plus belles actions du sport amateur. Forte de millions de « vues » et de partenariats avec six fédérations nationales, l’entreprise rêve aujourd’hui de se développer à l’international.
Plus besoin de saturer la mémoire de votre téléphone en filmant les 90 minutes du match de football de votre enfant, dans l’espoir d’immortaliser un instant de grâce. Avec Rematch, vous pouvez capturer uniquement les temps forts. A priori, l’effort reste à peu près le même pour la personne qui filme, puisqu’elle doit tout de même garder l’application ouverte pendant tout le match, en cadrant bien le jeu… mais elle n’appuie sur « enregistrer » qu’au moment des meilleures actions. Rematch enregistre alors automatiquement les quinze secondes précédant l’appui. Voilà l’extrait prêt à être publié sur la plateforme, et c’est le début de la gloire pour les buteurs du Rosporden FC ou de l’AS Trémévénoise, mais aussi pour les joueurs des neuf autres sports référencés sur Rematch.
Trois Bordelais aux manettes
Derrière cette application qui a déjà séduit 200 000 utilisateurs et flirte aujourd’hui avec les dix millions de vues par mois, il y a une start-up bordelaise et ses trois co-fondateurs, François Alary, Franck Si-Hassen et Pierre Husson. L’idée a d’abord germé dans la tête de ce dernier, footballeur amateur : « Avec mes coéquipiers, on voyait toujours des gens filmer les matchs, mais on ne voyait jamais les vidéos ». L’envie de lancer une plateforme se concrétise fin 2017, après ses études de commerce. Le trio d’associés met au point un prototype, « moche mais fonctionnel » et teste encore et encore l’application pour l’améliorer. De premiers partenariats se créent avec la presse locale, quelques clubs s’intéressent au projet… mais le lancement officiel ne se fait qu’en janvier 2019.
Olivier Giroud ambassadeur
Aujourd’hui, Rematch compte une dizaine de salariés et des ambassadeurs loin d’être amateurs, Jean-Pierre Papin, Ballon d’or 1991, et Olivier Giroud. La plateforme a également noué des partenariats avec Sud-Ouest, Le Télégramme ou le groupe Ebra, mais aussi avec six fédérations nationales et trente ligues régionales. L’entreprise se rémunère grâce au sponsoring : pour 200 euros la saison, les clubs peuvent devenir clients de la plateforme et afficher le logo de leurs partenaires sur les vidéos. « Cela les aide aussi à se rémunérer parce que les clubs vivent grâce aux licences, aux aides des collectivités mais aussi grâce à leurs partenaires », développe Pierre Husson.
Il compte aussi proposer des campagnes de sponsoring aux équipementiers, banques et assurances : « de plus en plus, ces entreprises cherchent à s’associer au sport amateur. ». Le jeune entrepreneur, friand d’anglicismes, se réjouit d’avoir « cracké le système » avec peu de moyens et peu de communication, et espère bientôt conquérir le marché international, « pour continuer à filmer les highlights du sport amateur. »
Mathilde Loeuille
Crédit photo : Rematch
