Biscarrosse, jusqu’ici tout va bien (Partie 3/3)

Le Grand Hôtel et deux villas emblématiques de Biscarrosse sont menacés par l’érosion du littoral. La mairie envisage, à terme, la relocalisation des activités. Reste à savoir qui financera les travaux. 

 

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Un « projet d’expérimentation du repli stratégique à Biscarrosse-Plage » a été confié au GIP (Groupement d’intérêt général) Littoral. Sur leur site, l’étude est présentée ainsi : 

 

« Il s’agit d’établir, en accord entre les partenaires publics et les propriétaires privés des enjeux menacés, les conditions techniques, financières et juridiques permettant la mise en œuvre de cette opération d’aménagement. Cette opération comporte plusieurs volets : d’une part l’acquisition et la démolition des 3 bâtiments, et d’autre part la réimplantation sur le territoire d’équipements pouvant assurer les mêmes fonctions (logements et hébergement touristique), afin de mettre en place un transfert et des transactions amiables entre les acteurs publics et privés, en l’absence actuelle d’outils et de financements dédiés à l’expropriation pour des biens exposés au risque d’érosion côtière sur les côtes sableuses. »

 

Le GIP évoque donc l’hypothèse de la destruction de ces bâtiments emblématiques de Biscarrosse. Hélène Larrezet, la maire de Biscarrosse, explique avoir « proposé des fonciers sur Biscarrosse Plage qui pourraient convenir pour relocaliser ces activités. On a fait un travail très précis de cartographie. » De son côté, Maître Vincent Poudampa, l’avocat des copropriétaires de « La Rafale », voudrait que la villa soit classée monument historique, « car alors, il y aurait des contraintes de déplacement ». La question est étudiée au tribunal administratif de Pau. 

 

Qui paiera ?

 

A plus long terme, la commune a également confié au GIP Littoral une « étude ADS », Aménagement Durable de Station. « On a beaucoup construit en dur au plus près de la plage, mais aujourd’hui il y a des projections, des faits qui montrent que le littoral évolue et qu’il va falloir trouver des solutions d’aménagement. Mais je ne veux pas dramatiser. Il y a trois bâtiments fragilisés aujourd’hui, pour le reste on a davantage de marge » développe la maire.

 

Mais si les villas et le Grand Hôtel étaient déplacés, qui paierait pour les travaux ? « C’est une excellente question à laquelle personne n’a de réponse » admet Vincent Bawedin, chargé de mission « gestion du trait de côte » à la communauté de communes des Grands Lacs. « Nous attendions beaucoup de la loi Climat et Résilience (ndlr : texte de loi promulgué en août dernier), mais rien n’a été décidé. L’érosion a toujours été le parent pauvre des problématiques littorales ». 

 

De son côté, l’avocat des copropriétaires de « La Rafale » s’impatiente. « Les travaux du GIP prennent un retard fou, on nous a promis des réunions mais rien ne se passe. » La maire de Biscarrosse rétorque qu’entre la crise sanitaire, le manque d’avancées sur le plan législatif et les « échanges parasités par ces histoires d’arrêtés », le calendrier « n’est pas aussi fluide que prévu » depuis sa prise de fonction l’année dernière, même si « elle ne ferme pas la porte aux discussions, au contraire ». Pendant que les dialogues piétinent, le trait de côte recule, et la question du financement des relocalisations ne pourra pas rester longtemps en suspens. 

 

Mathilde Loeuille

Crédit photo : DennisBuntrock/Pixabay