Face à la menace de l’érosion côtière, 126 communes jugées prioritaires

En écho à notre épisode « Cap Ferret, clap de fin ? »

Année après année, tempête après tempête, le constat et la résignation restent les mêmes. L’érosion grignote inexorablement le littoral français et son trait de côte diminue comme peau de chagrin. Le gouvernement vient de désigner 126 communes jugées comme prioritaires face à ce phénomène naturel, mais aggravé par le réchauffement climatique.

La Nouvelle-Aquitaine, figure dans le peloton de tête de cette liste prioritaire avec 31 communes, réparties dans les 4 départements du littoral atlantique. Certaines villes côtières sont d’ores et déjà touchées par les conséquences de cette érosion, comme à Soulac-sur-mer avec l’emblématique immeuble Le Signal, ou bien encore le Grand Hôtel de la Plage et les deux villas jumelles de Biscarrosse pour lesquels nous avions déjà consacré une série d’articles.

Selon le dernier rapport alarmant du GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le niveau de la mer grimperait de 28 cm d’ici 2100… pour le scénario le plus optimiste. Avec la tendance actuelle et notre incapacité à réduire nos émissions de GES, cette montée des eaux serait plutôt de l’ordre d’un mètre d’ici la fin du siècle.

Si pour le moment, seules quelques habitations sont réellement touchées, les experts prévoient déjà des zones urbaines bientôt submergées par des inondations de plus en plus fréquentes dans les prochaines décennies.

 

Qu’est-ce qui change pour ces 126 communes prioritaires ?

Si ce décret n’apporte pas encore de solutions miracles, il confie aux communes en accord avec la Loi Climat et résilience adoptée en août 2021, de nouvelles contraintes en termes d’urbanisme. Les communes et leurs élus devront réaliser d’ici quatre ans des cartes du risques de recul du littoral pour deux échéances, d’ici 30 ans et d’ici 100 ans.

Dans les zones critiques exposées d’ici 30 ans, les nouvelles constructions seront tout bonnement interdites, avec toutefois certaines exceptions. Celles-ci seront observées si ces nouvelles constructions concernent : des extensions de bâtiments existants, l’installation de services publics ou de nouvelles activités économiques nécessitant une « proximité immédiate avec la mer ».

Les zones critiques d’ici 30 à 100 ans seront quant à elles toujours constructibles, mais avec une obligation de démolition lorsque la menace sera bien réelle.

 

Un décret qui ne fait pas l’unanimité

Pour parfaire à ces aménagements, un nouveau type bail (de 12 à 99 ans avec résiliation anticipée pour cause d’érosion) sera octroyé par l’état pour les terrains concernés. Adopté par ordonnance début avril, ce nouvel outil avait déjà récolté des critiques de la part de l’Association nationale des élus du littoral qui émet des doutes sur les flous juridiques d’un tel dispositif.

Pour d’autres acteurs de l’environnement c’est le financement qui interroge, notamment en ce qui concerne les plus que probables futures relocalisations de la population des habitations touchées par l’érosion, ou encore la question de la dépréciation de biens concernés.

Interrogée par l’AFP, l’ONG France Nature Environnement estime que ces dispositions ne sont pas adaptées aux enjeux. Pour l’organisation, c’est plutôt «864 communes qui seraient véritablement menacées», soit près de 1,5 million d’habitants.

Martin Nolibé

Crédit photo : jacme31, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons