La part des femmes parmi les maires n’atteint que 16% malgré l’adoption, il y a vingt ans, de la loi sur la parité en politique. Parmi elles, 34 mairesses ont trente ans ou moins, selon le répertoire national des élus. Témoignage de trois d’entre elles.
A l’instar de Léonore Moncond’huy, nouvelle mairesse écologiste de Poitiers, à qui Solène Méric et Julien Privat consacrent un grand entretien dans le quotidien web aqui.fr, Elsa Lancelle, mairesse de Valbeleix dans le Puy-de-Dôme (146 habitants), Marion Houetz, mairesse de Jaujac en Ardèche (1 200 habitants) et Clémentine Le Marrec, mairesse de Bénouville dans le Calvados (2 070 habitants) reviennent sur la précocité de leurs prises de fonctions politiques.
Podcastine: D’où vous est venue l’envie d’exercer des responsabilités politiques locales si jeunes ?
Marion Houetz : J’ai toujours voulu faire de la politique ! A 6 ans, je regardais les questions aux gouvernements ! Mon grand-père, dont j’étais très proche durant ma scolarité, était un instituteur social et laïcard. A table, ça débattait souvent ! Ça fait partie de moi. On est aussi une génération qui prend les problèmes à bras le corps, on n’attend pas qu’on nous donne une place, on la prend.
Elsa Lancelle : Pour moi aussi, l’envie vient de mon grand-père qui a été maire pendant 30 ans. C’est un peu de famille: mes parents et mes frères et soeurs sont tous conseillers municipaux ! A la suite de la démission de mon prédécesseur, j’ai choisi de me présenter pour redynamiser le village.
Clémentine Le Marrec : Mon père était conseiller municipal dans un village à proximité de Bénouville. Même si je n’étais qu’une enfant, je le voyais rentrer le soir de ses conseils et je comprenais que c’était important. Il se battait pour l’égalité. J’ai voulu en faire autant. Ça fait longtemps qu’on veut insérer plus de participation dans la démocratie. Aujourd’hui, une majorité de l’opinion publique est de cet avis.
« En tant qu’élue, je n’ai jamais vécu la misogynie »
À l’annonce de votre candidature, en tant que jeune et femme – qui rompt avec la figure classique du maire homme et retraité – quelles ont été les réactions des citoyens ?
M.H : D’une certaine manière, toutes et tous étaient rassurés. On a les mêmes problématiques que les parents actifs : l’école, la garde d’enfants, une bonne alimentation etc. C’est apprécié que les jeunes s’engagent en politique. J’ai eu le retour de dames de 70 ans qui étaient contentes « que ça soit une femme aux manettes ». En tant qu’élue, je n’ai jamais vécu la misogynie. Et si ça devait arriver, je serais encore plus brute que mon interlocuteur.
E.L : J’ai toujours plus ou moins fait partie du paysage de la commune. Donc ni mon âge, ni le fait que je sois une femme n’a posé de problème. Surtout, on m’a encouragée dans cette direction. Et puis j’ai un sens aigu du relationnel qui a rassuré la population.
C.L : Quand j’ai proposé ma candidature, personne ne l’a remise en cause. D’ailleurs c’était un atout d’être jeune et femme : lorsque je faisais du porte-à-porte, non seulement les parents actifs se sentaient représentés mais les retraités étaient encourageants, car ils souhaitaient que ça change !
« une plateforme qui permet d’interroger les citoyens »
Quel projets menés – et à mener – sont emblématiques du renouveau politique que vous incarnez ?
M.H : On est en train de lancer un budget participatif : les habitants sont invités à proposer des projets et ceux qui seront retenus par le vote populaire seront mis en place par le conseil municipal. C’est le premier budget participatif d’Ardèche !
E.L : Conserver l’esprit de famille de la commune et attirer la jeunesse sont nos objectifs principaux. Nous réaménageons des appartements pour accueillir des populations plus jeunes. D’ailleurs, un couple d’une vingtaine d’années vient de s’installer dans l’un d’entre eux. Depuis cet été, pour redynamiser le village, nous avons créé des marchés semi-nocturnes. Il n’en existait pas avant !
C.L : On lance une plateforme qui permet d’interroger les citoyens sur des points structurants le quotidien de la commune. On veut aussi mettre en place des réunions participatives tous les trois mois dans un quartier différent pour renforcer les liens entre résidents et résidentes.