En écho à notre épisode : « Un homo, comme ils disent »
Le 17 mai marque en France et dans le monde, la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT). Cette journée qui met à l’honneur les luttes et les fiertés LGBTQIA+ a été marquée par des rapports sur l’état de la LGBTphobie, mais aussi par rassemblements et des initiatives en Nouvelle-Aquitaine.
Cette date symbolique du 17 mai a été choisie par la communauté sous l’initiative du militant universitaire Louis-Georges Tin en 2005, afin de commémorer la suppression par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 1990, de l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
La veille de cette journée, une étude sur les atteintes « anti-LGBT+ » enregistrées par les forces de sécurité en 2021 a été publiée par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure.
Pour l’année 2021, les services de police et de gendarmerie français ont recensé et enregistrés près 3 790 atteintes « commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre (« anti-LGBT+ ») ». Dans le détail, on parle de 2170 crimes et délits et de 1620 contraventions pour des actes, majoritairement sous forme d’injures ou de diffamations (59%), contre des personnes lesbiennes, gays, bi et trans pour tout le territoire français.
Si les actes de discriminations anti-LGBT+ enregistrés avaient baissé pour l’année 2019 et 2020, en pleine crise sanitaire, les forces de l’ordre enregistrent une hausse des plaintes + 28% pour 2021. Un chiffre qui a plus que doublé en 5 ans (+104%) selon le ministère de l’Intérieur.
Des agressions qui ont lieu principalement dans des lieux publics ou dans la rue, et ce majoritairement dans des agglomérations de plus de 200 000 hab (53%). Au niveau régional, la Nouvelle-Aquitaine enregistre 4,7 atteintes anti-LGBT pour 100 000 habitants en 2021, un chiffre un peu inférieur à la moyenne nationale de 5,6. En comparaison, les taux les plus élevés d’actes anti-LGBT enregistrés par les services de police se situent dans les régions Hauts-de-France (7,6), en Occitanie (6,6) et en Ile-de-France (6,4).
Des chiffres sous-évalués
Cette étude menée par le ministère de l’Intérieur reste à nuancer avec des chiffres globalement sous-évalués qui ne concernent que les plaintes enregistrées comme le soulignent plusieurs associations LGBT. Selon le ministère de l’Intérieur, les atteintes anti-LGBT font rarement l’objet d’un dépôt de plainte, l’étude estime elle même qu’une personne sur cinq finit par porter plainte.
L’association LGBT+ du Pays basque, Les Bascos a notamment mené sa propre enquête localement, et a enregistré 206 témoignages (dont 106 situations LGBTphobes ou sérophobes). Il en ressort que la majorité de ces actes sont des insultes et agressions verbales venant de la part d’hommes ou des groupes d’hommes. Autre fait marquant, la prédominance des agressions sur les réseaux sociaux pour toutes les tranches d’âges et notamment chez les -18 ans avec également le milieu scolaire. Une problématique de cyberharcèlement et une nécessité de sensibilisation dans les écoles qui doivent être améliorées soulignent l’association. Enfin les Bascos constatent que le rôle des associations est encore mal connu avec le fait que « des témoins et victimes qui se tournent en priorité vers les amis et les réseaux sociaux, négligeant de facto les sources les plus susceptibles de les aider. »
Autre rapport remis ce 17 mai, celui de l’association SOS Homophobie pour l’année 2021. Ces rapports sont rédigés chaque année depuis 1997, et permettent d’analyser l’évolution des discriminations LGBTIphobes en se basant sur les témoignages reçus par l’association, que ce soit sur sa ligne d’écoute, par courriel ou par chat. Pour le rapport 2022, l’association a reçu et analysé 1515 témoignages d’acte anti-LGBTI, un chiffre en baisse depuis l’année 2019, mais qui se caractérise par une montée des actes transphobes, qui deviennent le deuxième type de LGBTIphobies.
Martin Nolibé
Crédit photo : Daniel James, Unsplash