Plusieurs décennies après leur création, des antennes scolaires mobiles continuent de traverser nos départements pour donner des cours aux « enfants du voyage », éloignés de la scolarité classique.
Dans le but de ramener les « enfants du voyage » vers une scolarisation en milieu ordinaire et sédentaire, l’antenne scolaire mobile de Bordeaux accueille chaque année près de 450 élèves. Les professeurs se rendent sur des terrains souvent considérés comme illégaux par les autorités. Notre journaliste, Aziliz Peaudecerf, a suivi Guillaume Serges, professeur à l’antenne depuis 23 ans. « Nous avons un partenariat avec la mission locale et l’Association d’aide à la scolarisation des enfants tsiganes. Nous avons construit un projet qui s’appelle Passeurs d’ailes pour s’occuper des jeunes entre 16 et 18 ans issus de la communauté des gens du voyage », explique-t-il. Sur le terrain de Cadaujac en Gironde, Marie-Alice, elle, donne des cours dès 9 heures. « Le matin on prend le café. C’est un moment important où on échange. Les familles se confient sur leurs vies, sur les soucis qu’ils peuvent avoir », raconte-t-elle.
En ce jour, Marie-Alice s’occupe d’enfants de 3 à 10 ans, Guillaume de jeunes entre 11 et 15 ans. « Mes cours du CNED sont un peu compliqués à faire à la maison. Guillaume m’aide », explique une jeune fille. « Mes enfants vont à l’école dans ce camion-école. C’était important pour moi », dit Bryonnie, mère de deux élèves. L’école-mobile de Bordeaux permet à ces jeunes de préparer leur insertion professionnelle. Mais pour cela, les élèves doivent passer une demi-journée au collège par semaine (pour obtenir notamment l’attestation scolaire de sécurité routière ou une formation de premiers secours). Une étape aussi crainte qu’espérée. « Ça me fait un peu peur. Tout le monde me regarde, comme je suis le nouveau. J’ai un peu honte », confie le jeune Ethan, qui va au collège pour la première fois. Mais au final, la joie d’apprendre et de la découverte prennent le dessus sur l’appréhension. Si bien que, parfois, l’antenne scolaire mobile de Bordeaux se révèle être la première étape vers une scolarisation plus classique, sédentarisée. « Mes enfants vont aller dans une vraie école, car je me mets bientôt en maison. Même si, ici, c’est aussi une vraie école. »
450
L’antenne scolaire mobile de Bordeaux accueille chaque année près de 450 élèves.
40
Les premières antennes scolaires mobiles ont vu le jour il y a 40 ans.
3 à 18
Les antennes scolaires mobiles accueillent des enfants âgés de 3 à 18 ans.
Alexandre Camino
Crédits photo : Aziliz Peaudecerf
En écho à notre épisode : « Les camions-écoles, une route sans fin ? – épisode 1 »
