Le Précis : « Looking for Jacqueline – Avant la mort, vivre sans être vue »

Dans le deuxième épisode de cette enquête qui cherche à comprendre comment Jacqueline P., morte chez elle en 2022, n’avait été retrouvée que 3 ans plus tard, Podcastine a interrogé les commerçants de son quartier. Le constat est aussi cynique que malheureux. Dans la zone du libournais où la disparue vivait, beaucoup étaient habitués à la voir régulièrement.

La disparition silencieuse de Jacqueline P. n’a visiblement pas causé que de l’indifférence. Pour le deuxième épisode de notre série enquête sur ce fait divers qui a marqué toute une commune, après les voisins désolés d’impuissance, nous sommes allés à la rencontre des commerçants de son quartier. Étonnamment, beaucoup avaient l’habitude de la croiser. Ainsi, plusieurs personnes à qui nous tendons notre micro se disent trop bouleversées pour répondre. Mais certaines ont accepté, comme Valérie*, gérante d’une boutique située non loin de l’immeuble de Jacqueline. « C’était une dame pas très grande, très mince, avec un bandana dans les cheveux. Elle venait quasiment tous les jours boire son petit café. J’avais l’impression qu’elle était seule et qu’elle voulait parler. Elle nous a dit qu’elle était malade, en phase terminale. Elle se réfugiait chez les commerçants pour trouver quelqu’un. Je n’ai pas été plus alertée que ça. On ne se doutait pas que ça allait se terminer comme ça. C’est triste de mourir seule, ce n’est pas normal. Comment on a pu la laisser toute seule ? » Dans ce quartier où il fait plutôt bon vivre, la culpabilité est à portée de main dans les tiroirs-caisses.

Une telle situation interroge néanmoins, comment ces professionnels qui évoluaient au quotidien à proximité de Jacqueline, n’ont pu ne rien remarquer ? Pourtant, il est connu que les commerçants ont plutôt l’habitude de porter attention aux habitués de leur quartier, en particulier aux personnes âgées et malades C’est ce que rappelle Joel Begueret, membre du collectif Clarté et fil rouge de nos épisodes. Il se dit étonné d’un tel manque de réaction. « Les commerçants observent beaucoup ceux qui sont à la rue par exemple. Il y a manifestement des failles dans l’implication personnelle. »

*les prénoms ont été changés par soucis d’anonymat

Publié le 19 octobre 2023

Crédits photos : Martin Harry