Le Précis : « Looking for Jacqueline – Où était la famille ? »

Comment Jacqueline P., habitante de Libourne, a-t-elle pu mourir chez elle sans que personne ne s’en aperçoive pendant trois ans ? C’est la question à laquelle nous avons tenté de répondre dans cette série. Pour le dernier épisode, nous avons pu recueillir le témoignage de la fille de la disparue, qui permet de comprendre, un peu, ce qui a conduit à ce si long oubli…

C’est la question qui a brûlé les lèvres de tous ceux ayant eu connaissance de l’affaire Jacqueline P., retrouvée dans son appartement libournais trois ans après sa mort. Comment la famille de la victime a pu ne rien savoir ? Pour répondre à cette question, après le refus de son fils Christophe de témoigner, nous avons essayé de répondre à une autre question : qui était Jacqueline ? L’état civil nous a appris qu’elle était née le 23 novembre 1948 à Gageac-et-Rouillac, toujours en Dordogne. Sur place, des doyens nous ont renseignés sur la famille, des agriculteurs, qui n’y ont cependant vécu que quelques années. Jusque là donc, seulement une partie des réponses nous avaient été apportées.

Cela, jusqu’à ce que la fille de Jacqueline P., Nathalie, accepte enfin de nous répondre. Et cette réponse, elle s’est faite par écrit, celle-ci souhaitant se libérer d’un poids trop lourd à porter. Ce témoignage clé, est particulièrement dense. Vous pourrez le retrouver en intégralité dans l’ultime épisode de notre série. Vous entendrez comment sa mère, ayant grandi dans une famille violente et évolué dans un mariage sans amour, a fini par s’isoler de tout le monde et de ses enfants en particulier. La raison ? Des troubles psychiques, sur lesquels sa fille veut désormais sensibiliser. Alors qu’elle vivait avec sa mère en 2012, Nathalie se rendit compte que sa mère était en souffrance. Et le mal qui la rongeait finit par les séparer.

« Avec le recul, je me rends compte que maman n’allait jamais vraiment bien. Elle avait toujours mal quelque part, ne se nourrissait pas du tout de manière équilibrée, mangeait très peu, et toujours la même chose… Elle souffrait quasiment de malnutrition. Elle fumait énormément. Elle aimait être toujours dans le noir. Elle voyait un médecin qui lui prescrivait du lexomil, mais qui ne l’a jamais amenée à consulter un psychologue ou un psychiatre. Et ça, je ne le comprends pas. J’ai même du mal à l’admettre. Elle n’y serait jamais allée d’elle-même. Elle était d’une génération et d’un milieu où on n’allait pas consulter pour des problèmes psychiques, c’était pour les fous, pour les autres, pas pour nous. Nous avons vécu ensemble pendant sept mois, et j’ai constaté qu’elle devenait de plus en plus anxieuse, suspicieuse, paranoïaque. Même vis-vis de moi. Elle pouvait aller très bien, puis se mettre dans une colère noire dans la minute qui suivait. Je pense qu’elle souffrait d’une forme de… de démence, sûrement.  Elle a fini par me mettre dehors. Ça m’a détruite, sur le moment. Parce qu’en la quittant, j’ai compris que je ne la reverrais jamais. »

Ainsi, nous clôturons cette série, que Podcastine a voulu mener sans jugement, mais plutôt dans le souci de redonner son humanité à Jacqueline P.

Publié le 8 novembre 2023

Crédits photos : Martin Harry
En écho à notre épisode : « Looking for Jacqueline – Épisode 5 : La famille »