Dans un contexte de remise en question ministérielle des leviers d’action contre le harcèlement scolaire, nous sommes allés à la rencontre du cinéaste Maxime Jouet. Réalisateur du moyen-métrage « Je te faisais confiance », il s’engage depuis plusieurs années pour lutter contre cette forme de violence à l’école.
Chaque année, entre 800 000 et un million d’élèves du primaire au lycée seraient victimes de harcèlement scolaire, selon un rapport remis au Sénat en 2021. Des chiffres qui semblent relativement stables, mais qui font face à une montée croissante du cyberharcèlement ; une pratique ne laissant aucun répit aux victimes et agravant le sentiment d’insécurité de celles-ci. En 2017, le jeune cinéaste Maxime Jouet s’empare de ce sujet pour réaliser « Je te faisais confiance » : une fiction qui place le spectateur dans la peau d’un témoin de harcèlement au collège et se sent impuissant face à la situation. Auréolé de succès, le film a par ailleurs été présenté au ministère de l’Éducation Nationale en 2022. Depuis, Maxime Jouet poursuit son travail de sensibilisation. Notre journaliste, Raphaël Lardeur, l’a rencontré.
« J’ai été témoin de harcèlement au collège, mais à l’époque on n’en parlait pas du tout. Il y avait une sorte d’omerta et pas du tout de sensibilisation. (…) Et à cette époque, je n’ai rien fait », raconte le réalisateur, questionné sur le point de départ de son projet. Selon lui, il est important d’utiliser les mêmes codes que les personnes concernées pour réussir à mieux les sensibiliser. Pour rester le plus réaliste possible, le cinéaste a interviewé des victimes, mais s’est également entouré de psychologues et d’un major de la gendarmerie afin de se faire une meilleure représentation des mécanismes à l’œuvre.
Depuis mars 2022, le harcèlement scolaire est considéré comme un délit passible de dix ans de prison. « La nouvelle loi constitue une avancée parce qu’elle offre une redéfinition du harcèlement (…) mais je ne suis pas vraiment en accord avec son côté répressif ». Pour Maxime Jouet, il est important d’accompagner les victimes comme les harceleurs, de même que les parents et le personnel éducatif pour mieux régler le problème à la source et réfléchir à une sensibilisation plus large.
Gabriel Taïeb
Crédits photos : Mathieu Vouzelaud
En écho à notre épisode : « Harcèlement scolaire, de la réalité au film »