En écho à notre épisode « L’esturgeon d’Europe en eaux troubles »
La Commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale a déposé en février un nouveau rapport d’information sur les espèces menacées. Les animaux populaires comme la girafe et le lion ne sont pas épargnés.
Dans le rapport d’information sur la protection des espèces menacées remis à l’Assemblée Nationale en février dernier, la commission des affaires étrangères cite le travail de Franck Courchamp. Cet écologue, directeur de recherche au CNRS, a travaillé sur la notion « d’espèces charismatiques », qu’il définit comme étant une espèce qui « provoque un sentiment particulier auprès du grand public en raison de ses caractéristiques (espèce impressionnante, dangereuse, attachante…) » C’est notamment le cas des koalas, des requins blancs ou encore des lions.
Les girafes en danger
Selon le rapport parlementaire, il existerait au sein de la communauté scientifique l’idée que ces espèces bénéficient d’efforts de protection plus conséquents, au regard de leur popularité. Mais pour Franck Courchamp, c’est en réalité l’inverse. Avec son équipe, il a étudié dix espèces « charismatiques ». Neuf d’entre elles présentent un risque élevé et imminent d’extinction dans la nature. La girafe de Namibie, par exemple, a perdu 97% de sa population en une génération. Les lions, quant à eux, pourraient disparaître à l’état sauvage d’ici une vingtaine d’années.
Selon le chercheur, ces risques sont méconnus du grand public car ces espèces sont largement présentes dans notre culture, dans la communication des marques : « Cette situation invisibilise auprès du grand public les risques d’extinction (…) et laisse au contraire penser qu’elles existent en abondance ». Pour contrer le phénomène, il propose d’instaurer une taxe, qui capterait une partie des bénéfices réalisés grâce à l’utilisation commerciale de l’image de ces espèces.
Mathilde Loeuille
Crédit photo : Ramalholore/pixabay