Parler d’homosexualité et de genre, “un travail de sensibilisation infini”

(Partie 2/2) L’association Contact propose des temps d’échange aux jeunes LGBT, à leurs proches, ainsi que des interventions en milieu scolaire. Au fil des années et des ateliers, les bénévoles observent des changements sociétaux.

 

En plus des interventions en milieu scolaire évoquées dans notre article précédent, l’association Contact propose une ligne d’écoute, des entretiens individuels et une dizaine de groupes de parole par an. Jeunes LGBT, parents, amis, peuvent venir écouter les expériences des autres et partager la leur. Pour certains parents, c’est un premier pas vers l’acceptation  : « Un parent d’une personne LGBT va être face au discours d’une personne LGBT. Le fait que ce ne soit pas son enfant va faciliter le recul, la mise en perspective », estime Stéphane Martel.

 

Évolutions sociétales

 

Bénévole depuis une dizaine d’années, il a noté plusieurs changements : « J’ai connu tous les débats autour du mariage pour tous, en 2013, qui ont été assez violents pour le milieu associatif. Le passage de la loi a peut-être permis de faire évoluer les mentalités. On observe une sorte de normalisation de l’homosexualité ces dernières années ». En parallèle, Stéphane observe depuis cinq ans un afflux de parents de jeunes trans :

 

«  Les parents se retrouvent vraiment démunis, dans une position similaire à celles des parents de jeunes homos dans les années 90, lorsque l’association a été créée. »

 

Il explique cette hausse des coming out trans par la libération progressive de la parole sur le sujet, ainsi que la visibilité naissante dans les médias et la fiction.

 

« Les bénévoles sont parfois impressionnés de rencontrer, lors des interventions en milieu scolaire, des jeunes qui assument leurs questionnements sur leur genre ou qui sont déjà sûrs d’eux. Ils sont très informés, notamment via Internet. Ils sont en quête d’identité, ont besoin de savoir qui ils sont. » Stéphane Martel

 

Au sein de l’association, les bénévoles se sont d’abord demandé s’ils allaient réussir à maîtriser cette problématique, qu’ils connaissaient mal. « Finalement ce n’est pas un problème. Nous ne nous présentons pas comme des connaisseurs très pointus de la transidentité. Nous sommes là pour favoriser le dialogue entre les parents et les enfants. Que le jeune soit homo ou trans, il y a ce même fil rouge autour du changement et de l’acceptation », souligne Stéphane Martel.

 

Groupes de parole spécifiques

 

Les parents de jeunes trans ont toutefois quelques questionnements spécifiques. Pour y répondre, l’association a créé des groupes de parole dédiés à la transidentité. S’y retrouvent des parents dont les enfants sont déjà adultes, mais aussi des parents d’adolescents. Le podcast de l’association, Contact humain, laisse d’ailleurs la parole à la famille du jeune Timothée, 14 ans.

 

Stéphane Martel souligne des avancées sociétales importantes, mais précise que « cela reste très compliqué pour les personnes trans d’assumer ». Il reste également du chemin à parcourir pour que l’homosexualité ne soit plus stigmatisée. Le don du sang, par exemple, ne sera pleinement ouvert aux hommes homosexuels qu’à partir du mois prochain. Depuis 2016, année où ils ont été autorisés à donner leur sang, la loi exige qu’ils respectent une période d’abstinence avant chaque prélèvement. Faire évoluer les mentalités, favoriser le dialogue… « C’est un travail de sensibilisation infini », conclut le bénévole. Un travail pour lequel l’association cherche de nouveaux bénévoles. Les personnes intéressées peuvent s’adresser à l’équipe de Contact via leur site Internet.

 

Mathilde Loeuille

Crédit photo : Association Contact