Chaque vendredi jusqu’à l’élection présidentielle, Podcastine donne la parole à une association de Nouvelle-Aquitaine pour qu’elle explique ses actions et ses attentes vis-à-vis du prochain mandat.
La SEPANSO Aquitaine est une fédération d’associations de protection de la nature et de l’environnement, créée en 1969 et reconnue d’utilité publique depuis 1982. LA SEPANSO compte cinq associations départementales, qui regroupent elles-mêmes plusieurs dizaines d’associations. En tout, la SEPANSO régionale a plus de 3 000 bénévoles. Daniel Delestre est président de la fédération et vice-président de la SEPANSO de Gironde.
Podcastine : Pouvez-vous présenter vos actions ?
Daniel Delestre : La fédération Aquitaine gère trois réserves naturelles nationales pour le compte de l’État : le banc d’Arguin, l’étang de Cousseau et les marais de Bruges. Ce sont des plans d’action importants, sur lesquels travaillent une quinzaine de salariés. Le plan d’action du Banc d’Arguin est en train d’être réécrit, cela prend du temps car il est sujet à débat et c’est normal. Il y a des conflits d’usage, et beaucoup d’acteurs dans le processus de décision : le parc naturel marin, le conseil scientifique régional, l’administration…
Une autre de nos actions concerne le projet de Ligne Grande Vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse, puis entre Bordeaux et Dax. Nous sommes mobilisé contre ce projet depuis plusieurs années, c’est un combat difficile et long car l’inauguration n’est pas prévue avant 2030. Les conséquences environnementales seraient phénoménales, avec 4800 hectares de territoires agricoles, naturels et forestiers qui seront artificialisés. Et puis il y aura l’impact sonore, et les agriculteurs qui devront faire des détours pour se rendre dans leurs champs… Les promoteurs disent que ce projet va sauver le climat, mais pas du tout. Les travaux vont produire trois millions de tonnes de CO2, sans parler des impacts climatiques du défrichement. Au nom de la défense du climat, certains justifient tout et n’importe quoi.
Enfin, je vais citer notre combat contre le projet Horizeo, un parc photovoltaïque qui détruirait 1000 hectares de forêt et donc la biodiversité (Ndlr : le Projet « Horizeo », mené par Engie et Neoen, serait implanté sur la commune de Saucats en Gironde. Un débat public s’est clôturé le 9 janvier. La réalisation du projet n’est pas encore actée). Or la forêt est un levier indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique. Le problème c’est que quand notre société règle un problème, elle en crée d’autres. Horizeo est une réponse inadaptée. Il faut mettre des panneaux photovoltaïques sur les parkings par exemple, ou agir à l’image de certains pays d’Europe du Nord qui n’autorisent la construction de grandes surfaces que si elles sont autonomes du point de vue énergétique.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis du prochain mandat ?
La plus grande décision à prendre, selon moi, est de faire un vrai choix énergétique pour la France. Pour l’instant c’est la foire d’empoigne, entre ceux qui louent leurs terres agricoles ou forestières pour leur intérêt personnel… On voit fleurir des panneaux photovoltaïques sans aucune logique globale. Il faut que l’État rassure, en rappelant que c’est l’intérêt général qui prime. Pour l’instant, on en est loin.
Le problème c’est aussi que certains s’imaginent que l’on peut remplacer les énergies fossiles par de l’électrique, en gardant les mêmes usages. La réalité, c’est que la conversion à l’électrique du parc automobile français pourrait être une catastrophe pour l’environnement, si l’on rase les forêts pour poser des panneaux photovoltaïques sur des centaines de milliers d’hectares. Il faudrait plutôt que chaque conducteur installe chez lui ses panneaux, pour être autonome. Et surtout, il faudrait arrêter tous ces trajets en voiture avec une seule personne à bord. Il faut inciter les gens à faire du covoiturage, construire des pistes cyclables… Il faut une prise de conscience collective. Je ne sais pas si ce sera un sujet de la campagne, mais cela devra absolument être un sujet du prochain mandat.
Propos recueillis par Mathilde Loeuille
Crédit photos : SEPANSO Aquitaine