Considéré comme le mouvement fondateur de la crypto-monnaie, les « cypherpunk » défendent dès la fin des années 1980 la vie privée sur le web.
Les chiffrements rebelles. C’est ainsi que peut se traduire le mot-valise « cypherpunk » : « cypher » désignant le chiffrement et « punk » l’esprit rebelle. Né à la fin des années 1980, ils sont identifiés comme la source d’inspiration de Satoshi Nakamoto, créateur présumé du Bitcoin. Aujourd’hui équivalent à 17 000 €, le Bitcoin, cette monnaie virtuelle, fait l’objet d’une vulgarisation dans l’épisode de Podcastine « La crypto-monnaie décryptée » et dans la chronique « Crypto-monnaies contre banques centrales : une lutte pour la souveraineté monétaire » accessible sur le site de la Clé des Ondes.
La philosophie du mouvement « cypherpunk » repose sur l’ utopie libertarienne, s’opposant de fait à la toute-puissance des Etats. Consciente du fait que toutes les communications et informations sont partagées, une communauté soucieuse de protéger la vie privée des internautes fonde le mouvement.
Dans les années 1990, à l’apparition du Web, aucune information n’était chiffrée – et était donc accessible et lisible aux amateurs de données informatiques.
Identifiant le problème de la « transparence des informations », les Cypherpunk estiment qu’aucune entité privée ou gouvernementale ne peut se prévaloir d’accès aux informations numériques.
Ainsi est née la cryptographie : un système de chiffrement assurant la protection de leurs échanges. Le but étant de rendre incompréhensible n’importe quel message, dans la mesure où l’on ne bénéficie pas de la clé qui permet de le déchiffrer. Le chiffrement apparaît comme l’outil de référence pour garantir sa liberté de vie privée sur le web.
Capitalistes libertaires ou anarcho-capitalistes ?
Manifestant leur réticence au contrôle exercé par les Etats, le mouvement cypherpunk est couramment associé à deux philosophies politiques distinctes, soit le capitalisme libertaire et l’anarcho-capitalisme. Des mouvements de pensées qui partagent toutefois une idée commune et centrale forte : réduire le contrôle des États. Si Le capitalisme libertaire, jugeant le rôle de l’État inutile et contre-productif, rejette son existence, le libertarisme insiste davantage sur la protection des libertés des individus. Nécessitant aux Etats de laisser une marge de manœuvre suffisante à ses citoyens en réduisant le contrôle qu’il exerce sur ces derniers. Qu’il s’agisse de Tim May, ancien ingénieur et informaticien chez Intel, auteur en 1992 de « Le manifeste crypto-anarchiste » ou de Eric Hughues, mathématicien et programmateur informatique, tous deux, réputés pour faire partie du mouvement, assurent que l’anonymisation de nos systèmes d’échanges sera garante de la préservation de nos libertés.
Après avoir mis en place un système d’échanges sécurisé, les Cypherpunk ont donné naissance aux échanges monétaires anonymisés : la souveraineté monétaire aux mains des citoyens et non plus de ceux qui les dirigent, exprimées notamment par l’avènement du Bitcoin.
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Lisa Fégné