En écho à notre épisode « Pompiers de la Creuse, les sirènes du désert »
Après leur mouvement de grève de l’été dernier, les pompiers de Gironde attendent de premiers changements dans les prochains mois. Le nouveau directeur du SDIS 33 essaie de trouver des solutions avec le SAMU. Et l’expérimentation d’un numéro unique d’urgence pourrait favoriser la communication.
L’été dernier, les pompiers de Gironde manifestaient contre le manque d’effectif et plus globalement, contre le système défaillant de secours d’urgence à la personne. Le SAMU ne parvient pas toujours à trouver des ambulances privées pour les interventions « non urgentes » et fait donc appel aux pompiers. « Aujourd’hui on se retrouve à amener un petit papy passer son scanner » explique Guillaume Millet, du syndicat CFDT SDIS 33. « Alors que schématiquement, les pompiers ne devraient intervenir que si une détresse vitale est détectée. » Une perte de temps pour les pompiers qui ne peuvent donc pas intervenir ailleurs pendant ce temps, d’autant plus que les Urgences sont débordées :
« Notre quotidien c’est d’attendre plusieurs heures avec un patient dans le véhicule avant qu’il soit pris en charge ».
Depuis la grève, la situation ne s’est pas réellement améliorée. « La préfecture a annoncé qu’elle allait prendre des mesures et il y a eu un renfort des lignes d’ambulanciers privées. De cinq à six véhicules d’ambulance, on est passé à 12. Cela nous a soulagé un peu mais du coup tous les va-et-vient de ces véhicules aux Urgences, pour des patients non urgents, ça a alimenté la saturation devant les hôpitaux » développe Léopold Emery, du syndicat Sud SDIS 33.
Des patients déposés dans le hall des urgences
Les deux représentants syndicaux soulignent tout de même les bénéfices de l’arrivée d’un nouveau directeur au SDIS de la Gironde, le contrôleur-général Marc Vermeulun. Selon Guillaume Millet, « il veut faire en sorte qu’on trouve des solutions avec le SAMU et l’Agence Régionale de Santé. Dès qu’il y a des entités différentes c’est dur de tomber tous d’accord, mais on sent qu’il a une force de persuasion et on espère voir les premiers effets courant 2 022. »
Dès le mois prochain, de premiers changements vont avoir lieu : « On pourra déposer directement la personne dans le hall des Urgences, si elle est en état, plutôt que de la faire patienter dans le véhicule des pompiers », explique Léopold Emery. Il cite l’exemple d’une intervention pour un traumatisme à la cheville, où la personne est capable de patienter seule, sur une place assise, aux Urgences.
Les pompiers pourront également déclarer des « événements indésirables graves » lorsque que l’état de santé d’une personne se détériore dans leur véhicule, devant l’hôpital. Les esprits ont encore en mémoire ce patient qui a été pris en charge, cet été, après 6h d’attente dans l’ambulance.
Un numéro unique pour faciliter le dialogue ?
Autre nouveauté, la présence d’un « officier santé », soit un infirmier sapeur-pompier, dans la salle de prise d’appels : « Il ne fera pas de régulation, son rôle sera de favoriser le dialogue entre soignants, entre pompiers et SAMU » détaille Léopold Emery. Selon lui, le département de la Gironde s’est également porté volontaire pour expérimenter le numéro unique d’urgence. Le Parlement a en effet adopté, mardi 16 novembre, l’expérimentation sur deux ans de plusieurs regroupements des numéros d’urgence : soit un rassemblement du numéro du SAMU (15), de la police (17) et des pompiers (18), soit uniquement des pompiers et du SAMU, ou du SAMU et des médecins de garde, le SAS. « Cela permettrait de gagner en efficacité, parfois il y a une confusion des numéros ».
Guillaume Millet est mitigé. « Sur le papier ce numéro unique est une bonne chose, mais concrètement il va falloir redimensionner les salles de prise d’appels, trouver des fonciers ou bâtir… ». La date concrète de début de test est encore floue. Pas la peine d’espérer, donc, que le numéro unique soit la solution miracle pour soulager les pompiers à court terme. « Il faut souligner le fait que les choses sont en train de bouger. Mais pour l’instant ce n’est pas suffisant pour permettre l’épanouissement du personnel » conclut Léopold Emery.
Mathilde Loeuille
Crédit photo : Djedj/Pixabay