Bordeaux : Précœurité et Les maraudeurs offrent pulls, sandwichs et chaleur humaine

En écho à notre épisode : Covid et sans-abri, le virus de la solitude

Chaque lundi, les associations Précoeurité et Les maraudeurs s’associent pour venir en aide aux personnes sans-abri ou en situation de grande précarité. L’une distribue des pulls et couvertures, l’autre de la nourriture et des boissons chaudes.

 

Sur la place de la Comédie décorée pour les fêtes de fin d’année, les passants s’arrêtent et s’émerveillent devant les illuminations. Au pied du Grand Théâtre, un groupe beaucoup plus discret s’installe et ouvre des valises. Comme chaque lundi, les bénévoles de l’association Précœurité distribuent des pulls et couvertures aux personnes dans le besoin. « Ici c’est le point de rendez-vous pour le public en grande précarité, donc ils ont un logement mais très peu de moyens, et plus loin sur le parcours on va à la rencontre des sans-abri » détaille Kenza, la co-présidente et fondatrice de l’association. Les bénévoles étaient attendus. Dès leur arrivée, un petit groupe se forme. À la file indienne, les bénéficiaires regardent tour à tour dans les valises, à la recherche d’un vêtement à leur taille. Certains sont des habitués, ils saluent tout le monde. D’autres sont attirés par l’attroupement, comme cet homme qui lance « Il y a des habits ici ? Pourquoi pas, s’il y a des trucs beaux… » avant d’aller rejoindre la file.

 

Chacun cherche un habit qui lui convient. (crédit Mathilde Loeuille)

 

Pour récolter les vêtements, Précœurité peut compter sur plusieurs partenaires, notamment la Cravate Solidaire, le foyer fraternel et plusieurs écoles qui organisent des collectes. Malgré les valises remplies, il en faudrait encore plus selon Kenza : « C’est compliqué, même si on essaie de limiter à un vêtement par personne, chaque semaine. On sait que si on a une vingtaine de couvertures, tout va être demandé dans la soirée. On essaie aussi de commander régulièrement des caleçons et chaussettes avec l’argent de l’asso mais ça part vite, en un mois on va en distribuer 150. »

 

Par temps froid, peu de monde

 

Pour ses distributions du lundi, Précœurité s’est associée avec une autre association, Les maraudeurs, qui distribuent de la nourriture. Ce soir, il y a des sandwichs et du café, faits-maison ou récupérés auprès des boulangeries et de l’association Le pain de l’amitié. La collecte a été un peu maigre, mais elle est suffisante car il n’y a pas foule. « On est en fin de mois, les gens touchent le RSA à cette période donc ils ont moins besoin de nous. Ils reviennent vers le 10 du mois » explique Louis, bénévole depuis le mois de janvier. De semaine en semaine, il a créé des liens avec les personnes à la rue : « On apprend leurs prénoms, leurs histoires… Parfois ils partent dans une autre ville pendant quelques mois, puis ils reviennent. »

 

Les chariots des Maraudeurs. (crédit Mathilde Loeuille)

 

Les deux associations empruntent ensuite la rue Sainte-Catherine. Elles croisent les secouristes de la Croix-Rouge, qui vont aussi à la rencontre des sans-abri, puis un homme au large sourire, la pipe au coin de la bouche. « C’est monsieur chocolat ! » s’exclame l’un des bénévoles. « Dès qu’on a des aliments au chocolat, il prend.» Encore quelques rues, avec très peu de rencontres, puis le groupe reprend le chemin de la place de la Comédie. « Il fait froid, ils se sont sûrement réfugiés dans des parkings et ne sont pas sortis pour la maraude » estime Kenza.

 

Des cadeaux pour Noël

 

Les deux associations organiseront une maraude de Noël le 20 décembre. Les maraudeurs essaieront de proposer un repas un peu festif, et Précœurité distribuera des cadeaux. « Pour les sans-abris, on a lancé une cagnotte. On va leur acheter des tentes, des sacs de couchage et des petits plaisirs comme des écouteurs ou du chocolat. Et pour les personnes en situation de grande précarité, on a fait des partenariats avec Leroy Merlin et des écoles, qui vont confectionner des boîtes de Noël » détaille Kenza. Chaque boîte contiendra quelque chose de chaud comme un bonnet ou des gants, une denrée non périssable, un objet plaisir et enfin un petit cadeau personnel. « C’est ce qui a fait le plus plaisir l’année dernière, les petites lettres écrites par les enfants. » Pour la distribution, les bénévoles seront accompagnés des jeunes d’un village d’enfants et d’une Maison d’enfants à caractère social.

 
Mathilde Loeuille