En écho à notre épisode « Les bains-douches au fil de l’eau »
(Partie 1/2) Dans le documentaire « Bordeaux, les douches municipales : une vocation sociale » diffusé sur France 3, le rôle de Charles Cazalet dans la démocratisation des bains-douches est souligné. Ce n’est qu’une des nombreuses causes défendues par le Bordelais, qui a consacré sa vie à faciliter celle des plus précaires.
« Être sur tous les fronts », voilà une expression qui pourrait résumer la vie de Charles Cazalet. Le Bordelais, surtout resté dans les mémoires pour son rôle actif dans la démocratisation des bains-douches, a aussi œuvré dans les domaines du logement, des jardins ouvriers, de la gymnastique… Avec toujours le même objectif : améliorer les conditions de vie des plus précaires.
Cazalet le gymnaste
Rembobinons jusqu’en 1858, année de naissance de Charles Cazalet dans une famille de négociants en vin de confession protestante, installée sur la rive droite. Le quartier de La Bastide n’est pas encore rattaché à la ville de Bordeaux, et son image industrielle et populaire est bien loin de celle du très chic quartier des Chartrons, sur l’autre rive, où de nombreux négociants sont installés.
Dès la fin des années 1870, Cazalet seconde son père et prend la tête de l’entreprise en 1887. Il est déjà, alors, engagé dans diverses activités. Secrétaire de la « chambre syndicale du commerce en gros des vins et spiritueux de la Gironde », il est aussi président de la société de gym La Bastidienne. Une fonction qui n’a rien d’étonnant, Cazalet ayant pratiqué dans son jeune âge la gymnastique, avant de devenir moniteur. Avec La Bastidienne, il veut à la fois dynamiser son quartier, auquel il est très attaché, et rendre accessible à tous cette discipline. C’est en effet la première « société à recrutement populaire », c’est-à-dire que la gymnastique, jusqu’ici réservée aux familles aisées, s’ouvre aux enfants d’ouvriers.
La guerre dans tous les esprits
La guerre franco-prussienne (1870-71) est encore gravée dans les esprits, et la gymnastique n’est pas seulement un loisir. Il s’agit d’entretenir physiquement les jeunes hommes, en vue d’un prochain combat. L’homme d’État Jules Ferry dit d’ailleurs des gymnastes qu’ils sont « l’avant-garde pacifique de la patrie en armes ».
Quelques années plus tard, la Première Guerre mondiale entraîne au front le lieutenant-colonel Charles Cazalet. Il y perd un fils. Après la guerre, Cazalet poursuit son ascension. Déjà président de l’Union des sociétés de gymnastique de France, il accède en 1924 à la présidence de la Fédération internationale de gymnastique. De son parcours au sein des institutions ressort une anecdote : celle d’une fête fédérale organisée à Nice en 1901. Trois mille gymnastes défilent devant le tombeau de l’ancien président du Conseil des ministres, Léon Gambetta. Charles Cazalet demande à un artiste de peindre ce moment d’hommage. Il fait ensuite reproduire la toile, et distribue les exemplaires comme des prospectus patriotiques et républicains, dans le but d’attirer de nouvelles recrues.
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Mathilde Loeuille