Coralie, jeune maman toulousaine de 27 ans, s’est retrouvée à la rue durant le confinement l’été dernier.

Presque un an que commerçants et riverains du quartier Jean Jaurès la saluent. Coralie*, maman de 27 ans, se place presque tous les jours devant le Inter-marché Express, situé boulevard Carnot, espérant « se faire quelques balles pour payer l’hôtel » où elle réside pour une durée indéterminée. Le visage masqué et ses cheveux blonds teintés dissimulés sous sa capuche pour se protéger de la pluie, la jeune femme exprime sa reconnaissance envers les gens du quartier grâce auxquels elle a trouvé refuge et réconfort : « chacun fait ce qu’il peut pour me venir en aide, considérant la crise, la galère pour tout le monde, c’est beau ».
Beaucoup ont été sensibles à la détresse de la jeune mère de famille : fuyant les coups – devenus répétitifs depuis le premier confinement – de son ex-conjoint, Coralie a expliqué à son jeune garçon âgé de 5 ans, tout en réunissant ses affaires de manière effrénée, qu’il était devenu « nécessaire de vite s’en aller ». S’en aller…mais où ? « Il aura fallu que je me retrouve dehors pour prendre conscience que je n’avais plus personne ». Sa relation avec son ex-compagnon l’a coupée de toute interaction avec des proches.
Bien que privée de toute forme de soutien familial et amical, elle puise le courage d’affronter la rudesse de chaque jour dans le regard de son fils : « c’est pour lui que je viens ici tous les jours, pour lui offrir un lieu sain où grandir ». Il faut dire qu’avant d’intégrer un hôtel dans le centre, la petite famille s’est retrouvée à vivre dans des squats infréquentables pour son garçon.

Foyers et centres d’accueil surchargés

Par le biais d’un comparse de rue qui lui avait recommandé l’adresse le temps de se retourner, elle se retrouve, avec son jeune fils, « dans un lieu qui ressemblait plus à une salle de shoot qu’à un squat » non loin de l’avenue Bonnefoy. « J’ai eu tellement peur que mon fils s’imprègne de ces images de personnes qui se piquaient…mais je ne pouvais pas le faire dormir dehors. » Passés quelques jours, Coralie a fait son possible pour réunir l’argent nécessaire pour payer quelques nuits d’hôtel car « je n’avais aucun autre endroit où aller ». En effet, depuis le premier confinement, les centres d’accueil d’urgence pour femmes et les foyers sont surchargés. Quant aux assistants sociaux, « c’est déjà très difficile de les contacter alors si c’est pour se prendre des refus… ».
C’est pourquoi la solution de logement la plus simple, aux yeux de Coralie, reste l’hôtel. Même si le Revenu de Solidarité Active (RSA) qu’elle perçoit ne suffit pas à régler l’intégralité des factures, « nous avons au moins un toit qui permet à mon fils d’aller à l’école en étant douché et en ayant dormi dans un lit chaud ». Soucieuse de l’avenir scolaire de son jeune garçon, Coralie ne transige pas : « même si c’est très compliqué pour lui, il est important qu’il aille à l’école ».Quand il n’y est pas, elle peut compter sur quelques personnes appartenant au personnel de l’hôtel pour jeter un œil sur lui. Sourire un peu gêné, elle avoue : « c’est vrai qu’il regarde beaucoup la TV…mais je n’ai pas d’autre choix pour le moment ».

Des choix, son nouvel entourage de quartier aimerait qu’elle en ait. Mais il faudra attendre que des places au sein des établissements d’accueil pour femmes se libèrent… un espoir qui n’est pas prêt de se concrétiser, selon des centres d’hébergement pour sans-abris toulousains.

* Son identité a été modifiée 

Crédit photo : Jon Tyson I Unsplash

                                                                                                              Lisa Fégné