Crise du logement à Bordeaux : des loyers à faible coût pour des étudiants engagés bénévolement

À titre expérimental, une trentaine d’étudiants bordelais profitent de colocations particulièrement peu coûteuses. En contrepartie, chacun d’eux s’astreint à un engagement social au sein de quartiers prioritaires de la ville. Une solution de logement inédite et positive.


Le problème de logement pour les étudiants français n’est certes pas récent, mais plusieurs facteurs tendent à l’aggraver. Depuis quelques années, le nombre d’étudiants en France est en constante évolution, leur nombre ayant augmenté de 56.000 entre 2017 et 2018, et de plus de 200.000 lors des cinq dernières années, selon le Ministère de l’Enseignement supérieur. Le nombre de logements adaptés à leur budget, lui, est resté le même. Et, facteur aggravant, la capacité d’accueil des résidences universitaires ne suffit plus, leur nombre de 120.000 étant bien faible face aux plus de deux millions de jeunes qui étudient en France.
   Une situation particulièrement problématique dans les grandes villes françaises, où la forte demande coïncide avec les coûts élevés des loyers. C’est notamment le cas à Bordeaux, septième ville la plus étudiante de France, qui apparaît en troisième position au classement des villes où le loyer d’un studio est le plus coûteux, avec un prix moyen de 542€, selon une récente étude publiée par Le Figaro. La location de logements proches de leur établissement universitaire peut vite apparaître comme inabordable pour de nombreux étudiants bordelais. La Métropole de Bordeaux a, dans ce sens, adopté un plan décennal en faveur du logement étudiant en février dernier, afin de tenter d’apporter des solutions à un problème qui ne risque pas de s’éteindre de lui-même.

LA SOLUTION DE DEMAIN ?



  C’est pour proposer une solution alternative à cette situation compliquée que le bailleur social CDH Habitat et l’association Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) ont créé en 2019 le dispositif KAPS, « Koloc’ à projets solidaires ». Le principe est simple : proposer des logements étudiants plus accessibles financièrement que la moyenne, en contrepartie d’un engagement social de leur part dans le quartier où se situe leur logement. Un engagement qui peut prendre bien des formes, de l’accompagnement scolaire aux animations de quartier en passant par l’encadrement d’activités sportives. Ces quelques heures hebdomadaires consacrées au bénévolat sont l’illustration de la volonté des porteurs du projet KAPS de « promouvoir l’engagement étudiant et incorporer plus de mixité sociale », comme l’a expliqué la coordinatrice du projet à Bordeaux Metropole au journal Sud-Ouest. Après un entretien de motivation, les quelques dizaines de candidats retenus s’engagent à rester disponibles de septembre jusqu’à juin, pour assumer la réalisation de différentes activités. Un programme d’autant plus intéressant lors de la crise sanitaire, les 36 étudiants concernés ayant pu compenser la chute d’interactions sociales classiques par celles nouées par leur bénévolat régulier.
Une solution gagnant-gagnant qui semble convaincre tous ces acteurs après deux années d’existence, des étudiants jusqu’aux porteurs du projet, qui ambitionnent de développer de nouveaux KAPS dans d’autres villes du territoire. Mais cette alternative ne résoudra pas tout. Reposant notamment sur l’action de bailleurs sociaux dont le champ d’intervention est circonscrit, et avec un nombre de places limité, ce dispositif ne saurait, à lui seul, remédier à la crise du logement étudiant. Les résultats du plan décennal de la Métropole mériteront, à cet égard, d’être regardés de près. 

GUILLAUME CAZCARRA