« Territoire zéro chômeur » : des résultats encourageants

EN ECHO A NOTRE EPISODE DU 7 JUIN: « Territoire zéro chômeur: Bordeaux prépare sa candidature »
Après cinq années d’expérimentation, le ministère du travail a dressé, mi avril, un bilan positif des « Territoires zéro chômeurs longue durée ». Le dispositif est en voie de s’étendre prochainement à 50 nouveaux territoires.

Il était à l’essai depuis 2017, sur dix territoires français. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a présenté les résultats de l’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée ». Un dispositif visant à « donner un emploi aux personnes les plus éloignées de marché du travail », peut-on lire sur le site du gouvernement dans la rubrique « vie publique ». Au départ proposée par l’association ATD Quart-Monde, l’initiative, reprise par des élus politiques, propose une nouvelle approche en matière d’emploi et d’insertion sociale : les coûts liés au chômage (allocations, RSA…) sont réaffectés pour financer la création d’emplois. Ainsi, des entreprises à but d’emploi (EBE), avec comme cœur de secteur d’activités l’économie sociale et solidaire, ont été créées pour embaucher les chômeurs de longue durée en contrat à durée indéterminée (CDI). Ces nouvelles entreprises ont pour objectif de répondre à « des besoins non couverts sur le territoire et utiles à la population ». Parmi lesquels, des recycleries, garages et épiceries solidaires.

Fin 2020, l’expérimentation bénéficiait déjà à plus d’un millier d’ex-chômeurs, auparavant «  privés depuis longtemps de travail », sur le territoire national. Afin de compléter, corriger ou renforcer le dispositif existant, l’Assemblée nationale a voté la loi du 14 décembre 2020, prolongeant pour cinq années supplémentaires le dispositif. Selon le texte, le gouvernement a la possibilité de mettre en place ce dispositif sur plus de 60 territoires.

Pour l’heure, 10 territoires en ont déjà bénéficié et 50 territoires pourront prétendre à l’installer. La métropole bordelaise est d’ailleurs candidate pour accueillir un pareil dispositif comme l’explique Jean Berthelot de La Glétais dans son article « A Bordeaux, ce quartier prioritaire pourrait bientôt devenir un territoire « zéro chômeur de longue durée » paru sur le site de l’hebdomadaire Challenges et dans l’épisode de Podcastine intitulé « Territoire zéro chômeur : Bordeaux prépare sa candidature ». Au-delà de ce nombre, des titres dérogatoires par décret en Conseil d’État, enclencheront le processus.

Des meilleures conditions de vie pour les salariées

Qui sont les personnes recrutées dans ces EBE, axées sur l’économie sociale et solidaire ? Le plus souvent, ce sont des femmes qui sont recrutées. Beaucoup de populations jeunes sont recensées : plus de la moitié ont moins de 42 ans, d’après les observations de la Dares. Une majorité de recrutés ne sont que peu ou pas diplômés : on compte à peine plus de 28% d’entre eux qui n’ont aucun diplôme.

Le rapport de la Dares, remis mi-avril au ministère du travail, souligne « l’effet positif de cette expérimentation sur les bénéficiaires ». D’après les résultats de l’étude, sans le dispositif « Territoire zéro chômeur à longue durée », les salariés n’auraient été que 55,9% à être en emploi et seul un tiers aurait signé un contrat à durée indéterminée (CDI).

Le ministère du travail souligne l’amélioration des conditions de vie et de l’épanouissement du bien-être général de chaque bénéficiaire. Leur santé, confiance en soi et perspectives d’avenir seraient devenues plus positives et moins parasitées par des angoisses liées aux ressources financières. Des témoignages recueillis par la Dares, leurs dépenses de logement sont désormais « plus supportables » et leurs accès au permis de conduire et à un moyen de transport personnel sont facilités. Surtout, ils sont également moins nombreux « à renoncer aux soins pour des raisons financières ».

Les résultats du dispositif sont encourageants, d’autant que sa mise en place est réclamée par certaines municipalités. Une aubaine pour les entreprises du dispositif qui, bouleversées par la crise sanitaire, ont enregistré une baisse de leurs chiffres d’affaires. Et pour les jeunes travailleurs peu diplômés, à qui une opportunité professionnelle intéressante apparaît comme une oasis inaccessible…