En Afrique, la ruée vers les portiques anti-Covid

EN ÉCHO À NOTRE ÉPISODE DU LUNDI 12 JUILLET 2021 : « Portique anti-Covid, made in Pays Basque »

Au Sénégal, au Maroc, au Cameroun ou encore au Niger, ingénieurs et étudiants ont mis au point des systèmes de portiques anti-Covid. Détails de ces entreprises africaines qui luttent contre la propagation du virus.

Le Cameroun a « un potentiel fou ». C’est avec ce regard porté sur son pays que Serge Armel Njidjou, ingénieur camerounais a inventé un portique désinfectant, distribué sur son territoire maternel, et luttant contre la propagation de Covid-19. Manager de l’Agence Universitaire pour l’Innovation (AUI), il avait été invité au ministère de la santé publique en avril dernier pour en présenter un prototype. Après avoir été questionné brièvement sur « quelques éléments techniques du produit vaporisé », le ministère passait commande et en installait un à l’entrée de son enceinte. Deux mois plus tard, les commandes battaient leur plein : pour satisfaire les demandes, l’ingénieur mise sur « 50 à 200 portiques par semaine » qui sont réalisés grâce à une fabrication à la chaîne semi-industrielle. Les portiques de désinfection pour les espaces publics ne sont pas les seuls systèmes imaginés par AUI Techno.
Parmi quelques-uns des dispositifs fabriqués en accéléré, ses équipes ont conçu un autoclave pour les hôpitaux et un respirateur artificiel, en vue de répondre à l’urgence de la situation sanitaire. Tout comme au Cameroun, c’est sous la direction des autorités locales qu’un groupe d’étudiants a pu concevoir et installer une dizaine de portiques de désinfection dans la ville d’Errachidia au Maroc. Le dispositif est simple : en détectant les mouvements, l’appareil asperge les personnes qui souhaitent se désinfecter. D’autres ingénieurs, comme Moulaye Bachir Bendekken, ont répondu à l’urgence sanitaire tout en intégrant les spécificités du climat africain.

Technologie solaire et afrocompatibilité

Ingénieur en génie électrique et automatisme, il assure que son système de désinfection est efficace et « répond au contexte local ». Son invention, le B-Desinf fonctionne de façon autonome grâce à l’énergie solaire. Doté d’une Intelligence Artificielle, il enregistre les données biométriques. Surtout, selon l’agence de presse ECOFIN spécialisée dans l’économie africaine, il peut fonctionner dans des conditions climatiques extrêmes. En février dernier, 50 B-Desinf étaient produits chaque mois au Niger. Grâce à cette initiative, le pays espère être équipé de ses systèmes dans son intégralité et fournir des emplois aux jeunes nigériens. Avant lui, en septembre 2020, une équipe d’entrepreneurs tchadiens avaient conçu une cabine de désinfection solaire contre le Coronavirus. Dirigée par l’ingénieur Moubarack Soga et composée de cinq entrepreneurs, l’équipe a innové. Leur système fonctionne de manière alternative avec deux sources d’énergie. Pour compenser les coupures d’électricité à répétition et pour répondre aux besoins des zones non desservies par le réseau électrique, l’énergie solaire s’est imposée comme la meilleure option envisagée. Après trois mois de recherches, un prototype a été financé sur fonds propres. Leur initiative a séduit le gouvernement, puisque plusieurs cabines ont déjà été installées dans certains ministères et lieux publics du Tchad.
Au total, ce sont plus de 4 millions d’Africains décédés à cause de la propagation du Covid-19. Selon le journal Jeune Afrique, les chiffres repartent à la hausse et la troisième vague vient de signer son arrivée avec la dissémination du variant Delta. Si les pays riches ont promis de livrer des vaccins d’ici à la fin de l’année, la réticence aux vaccins reste élevée.

Crédit photo : Pixabay 

 

                                                                                                                               Lisa Fégné