EN ÉCHO À NOTRE EPISODE DU MARDI 13 JUILLET : « Chanvre, une filière naissante »

Le Green Owl, première boutique de CBD installée à Toulouse, accueille tous types de consommateurs. Depuis trois ans, la clientèle s’est diversifiée.

« Ici, c’est comme une micro-société » Recrutée il y a sept mois, Laura travaille dans la première boutique de CBD de Toulouse : Le Green Owl, situé rue Peyrolières, à deux pas des quais de la Daurade. Depuis son arrivée, les clients ne sont jamais les mêmes : « on accueille et on conseille autant de jeunes que de personnes plus mûres, voire âgées ». Pourtant, à son ouverture il y a trois ans en juin 2018, la clientèle était restreinte. Il faut dire que « les premiers consommateurs de CBD sont les consommateurs de cannabis » explique Vanessa, employée arrivée en 2019 et amie des co-fondateurs Vincent Monard, Lucas Alaterre et Alexandre Grimal. Il y a trois ans, passer la porte de Green Owl, c’était pour arrêter d’exacerber ses angoisses et d’éviter les effets psychotropes, néfastes pour certains consommateurs. Avec les pommettes rehaussées vers les yeux – on devine un sourire -, Vanessa se rappelle :

« un jour, un jeune de 20 ans entre dans la boutique et m’explique qu’il a fait un  »’bap-trip » en consommant du cannabis. Il me précise qu’il aimerait arrêter ce produit mais qu’il aime le goût. En plus, quand on est entouré de fumeurs, on a envie de fumer. Donc on a discuté pour savoir quelle variété lui serait la mieux adaptée. »

Consommatrice assumée de CBD et tendant à se développer, la tranche des 30 – 35 ans se rend à Green Owl pour les mêmes raisons. Car les angoisses et le stress liés aux responsabilités professionnelles sont exaltés. Le geste de la « roulette », comme l’appelle avec amusement Vanessa, – c’est- à dire le fait de rouler une cigarette – est associé aux instants de détente. Ainsi, « on remplace du cannabis par du CBD pour une meilleure détente ». C’est le cas de Mélanie*, clientèle régulière depuis février dernier.

« J’étais consommatrice avérée de cannabis. Pour arrêter, et pour être sûre de réussir mon sevrage, je suis passée au CBD »

Quand le cannabis déclenche une phase de détente et une phase de paranoïa ou de stress, les effets du cannabidiol s’arrêtent à la première. « Au début, j’étais un peu frustrée de ne pas avoir la même sensation. Et puis, j’ai senti que mon corps se détendait. » détaille Mélanie, une pochette de CBD fraîchement achetée dans la main. Mais la consommation de CBD n’est pas seulement récréative. Une partie importante des clients de Green Owl s’y rendent pour trouver des remèdes à leurs maux corporels.

Une solution pour les malades

Beaucoup souffrent de maladies inflammatoires et articulaires. Souvent sur conseil de leurs enfants ou de leurs grands-parents, les personnes âgées se rendent dans des boutiques spécialisées du produit, bien qu’elles restent sceptiques à son égard. Certains se présentent même avec une coupure de presse, une impression d’un article lu sur Internet pour s’assurer d’être bien renseignés. Jusqu’à que l’essai du produit apaise leurs douleurs. Le CBD, proposé sous forme de gélules, crème, huile ou boissons, apaise aussi les maux du psoriasis, du zona, de la maladie de Parkinson ou des effets secondaires de la chimiothérapie. Comme peut le confirmer Vanessa, dont la mère a été sous traitement. « Malgré les anti-vomitifs, elle avait tout le temps la nausée. Pour la soulager, je lui donnais un dosage léger mais efficace. »
En plus des anciens consommateurs de cannabis et des personnes malades, les actifs sont de plus en plus consommateurs de CBD. Notamment avec le pic de stress qu’ont induit les périodes successives de confinement.

« On voit de plus en plus de monde qui nous demandent conseils seulement pour se détendre après des événements ponctuels ou à cause de la lourdeur de leurs journées. On passe du cadre en costume de travail au retraité, du jeune étudiant à quelqu’un en pleine recherche de travail. »

Un état de fait qui laisserait à penser qu’une partie de la population souffre du stress de la vie en société.

Bien que cette plante « complémentaire des autres médecines alternatives » souffre encore de nombreux préjugés, les consommateurs assurent des effets de détente et de relaxation qu’elle procure…et donc du bien-être qu’elle exacerbe. A Toulouse, en trois ans, près d’une dizaine de boutiques de CBD se sont installées, laissant penser que la demande ne cesse de s’accroître.

 

Crédit photo : Pixabay 

                                                                                                                                  Lisa Fégné