Football : les équipe féminines gagnent du terrain (Partie 1/3)

En écho à l’épisode que nous publierons ce vendredi, une carte blanche avec Raphaël Perry, auteur de « Bleus éphémères : Histoires fabuleuses et cruelles des 244 joueurs sélectionnés une seule fois en équipe de France »

 

Cette dernière décennie a marqué un tournant pour le football féminin, sur le plan de la diffusion à la télévision. Mais la pratique reste tout de même peu médiatisée par rapport au football masculin.

 

Lorsque l’on demande aux interlocuteurs de ce papier quelle a été la « date clé » pour la médiatisation du football féminin, tous s’accordent sur la Coupe du monde de 2011, en Allemagne. Un an auparavant, l’équipe de France masculine se ridiculise aux yeux du monde entier en faisant une grève en pleine Coupe du monde en Afrique du Sud. Après l’épisode du bus, “ les joueurs ont une image vraiment déplorable », souligne Nicolas Delorme, sociologue du sport. L’année suivante, « l‘équipe féminine va, au contraire, bien performer en arrivant jusqu’en demi-finales. » De quoi changer le regard du public sur les joueuses, selon Natacha Lapeyroux, chercheuse en sciences de l’information et de la communication, autrice d’une thèse sur les représentations télévisuelles des sportives de haut niveau : « La fédération fait une campagne de communication, les réseaux sociaux parlent des résultats… Tout cela crée une bascule, et par la suite on va commencer à considérer les footballeuses comme des sportives de haut niveau. »

 

2019, consécration médiatique

 

L’année 2011 est aussi marquée par la première victoire des joueuses de l’Olympique Lyonnais en Ligue des champions, la plus prestigieuse compétition européenne . « A partir de là, la médiatisation est montée crescendo parce qu’il y a eu une grande compétition à peu près tous les deux », précise Syanie Dalmat, journaliste au service Football du journal l’Equipe. En 2019, avec la Coupe du Monde organisée en France,  « médiatiquement on arrive à un niveau jamais atteint jusqu’alors. »

 

Les diffuseurs les plus importants s’emparent des droits de diffusion. Alors que la Coupe du Monde était auparavant diffusée entre Eurosport et Direct 8, puis W9, en 2019 c’est le groupe Canal + qui diffuse l’intégralité de la compétition. Le Groupe TF1, de son côté, retransmet en clair la moitié des matchs, dont tous ceux de l’équipe de France. En conséquence, la visibilité explose.

 

1 milliard de téléspectateurs dans le monde

 

Après un audit sur le nombre de téléspectateurs, la FIFA se réjouit : en tout, plus d’un milliard de personnes ont suivi la Coupe du Monde organisée en France. On retient notamment les 11,8 millions de Français devant la télévision pour le match des Bleues face aux États-Unis, en quart de finale. « Les diffuseurs vont se rendre compte qu’il y a un public, que c’est rentable », détaille Natacha Lapeyroux.

 

A partir de la saison 2018-2019, et jusqu’en 2022-2023, Canal + diffuse les matchs de Première Division (D1 Arkema). Si Syanie Dalmat évoque « un vrai projet de la part du groupe » pour valoriser le football féminin, Nicolas Delorme nuance : « il ne faut pas oublier que Canal + avait perdu les droits pour le football masculin, à ce moment-là. Si le groupe avait gardé les matchs des hommes, je ne sais pas s’ils auraient déployé les mêmes moyens pour les femmes ».

 

Mathilde Loeuille

Crédit photo : Izuddin Helmi Adnan/Unsplash