Le Précis – Camions-écoles : un long chemin vers la confiance

Les camions-écoles, qui permettent aux « enfants du voyage » de suivre des cours scolaires, existent depuis 40 ans. Retour sur la création d’une initiative inclusive, et sur un long parcours d’échanges.

Cela fait maintenant quatre décennies que les écoles itinérantes proposent des cours aux « enfants du voyage », éloignés de la scolarité sédentaire. Dans notre épisode du jeudi 12 janvier, notre reporter Aziliz Peaudecerf est allée à la rencontre des personnes à l’origine de cette initiative, tel Daniel Elzière, frère des écoles chrétiennes et fondateur de l’antenne scolaire mobile de Perpignan. « L’idée c’était : puisque ces gosses ne peuvent pas aller à l’école, l’école va venir à eux. » En 1970, lui ainsi que Dominique de Beaumont et le père André Barthélémy, fondent l’association ASET (Aide à la scolarisation des enfants tsiganes). Rapidement, l’expérimentation connaît le succès et se répand jusqu’à Paris. Très tôt, les camions vont sur des terrains non officiels et précaires pour rencontrer des enfants qui n’ont pas accès à l’instruction parmi les communautés de « gens du voyage ».

Des communautés peu ouvertes sur l’extérieur, qu’il a fallu convaincre et rassurer. Marie Mouisset, elle, a commencé sa carrière dans une antenne scolaire mobile en 1986. Elle explique qu’il a fallu faire des efforts pour gagner la confiance des manouches. « Les familles avaient peur d’envoyer leurs enfants dans des milieux scolaires à cause des gadjés, c’est-à-dire les non-manouches, les non-tsiganes, explique-t-elle. Il y avait plein de peurs, symétriques de celles que notre société sédentarisée développait à leur égard. » Mais progressivement, de Paris à Bordeaux, Toulouse, Lyon, Grenoble, Lille, Angers, des dizaines de classes mobiles ont ouvert à partir des années 1980. À force de patience, de dialogue et d’efforts désintéressés, les communautés se sont ouvertes. « Au fil du temps, ils étaient très très étonnés. Ils me l’ont redit très souvent. Ils n’en revenaient pas qu’on leur offre ce service à domicile alors qu’ils se font chasser en permanence », raconte Marie Mouisset. Désormais, au moins 3 000 enfants sont scolarisés dans des classes mobiles.