Le Précis – Dans la peau des observateurs de la LDH – Épisode 1

Depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, la Ligue des droits de l’Homme déploie des observateurs dans les manifestations pour surveiller les pratiques policières. Leur rôle : documenter le maintien de l’ordre. Podcastine a accompagné trois bénévoles à Bordeaux lors du dernier mouvement de grève. Épisode 1.

Adama Traoré, Cédric Chouviat, Zineb Redouane, Rémi Fraisse… Tous ont perdu la vie à cause d’un tir de grenade ou lors d’une interpellation policière. S’ajoutent à cette liste, des dizaines de gilets jaunes éborgnés, un manifestant amputé d’un testicule ou encore un manifestant placé dans le coma après les affrontements à Sainte-Soline. Depuis la dernière décennie, le débat autour du maintien de l’ordre et des violences policières secoue la société. Partout en France, la Ligue des droits de l’Homme envoie des observateurs des forces de l’ordre en manifestation. Le but : filmer, informer, observer et prendre des notes du comportement des forces de l’ordre. Podcastine vous emmène suivre la manifestation du 13 avril dernier contre la réforme des retraites à Bordeaux avec Gaëlle, Éric et Jérôme, tous trois bénévoles observateurs. C’est en marge de la manifestation qu’on les retrouve, place de la Comédie, alors que le défilé est sur le point de commencer. À Bordeaux, ils sont moins d’une dizaine de bénévoles à se libérer du temps pour observer les manifestations.

 « On est cinq ou six réguliers », ajoute Gaëlle, en enfilant son casque et sa chasuble avant de se faufiler entre les manifestants. Être observateur, « c’est un travail de fourmi, souvent on n’observe rien, et heureusement, mais on permet d’alimenter des dossiers sur l’évolution des pratiques de maintien de l’ordre », raconte Éric. Sur le terrain, un mot d’ordre : une neutralité comportementale complète. « On n’intervient pas ni auprès des forces de police, ni auprès des manifestants. On ne s’exprime pas sur le déroulement de la manifestation en cours parce que ça fera l’objet d’un rapport détaillé. » Celui sur la mobilisation contre la réforme des retraites n’est pas encore sorti mais Éric nous livre la tendance de leurs observations. « Au début, les forces de l’ordre se faisaient très discrètes mais elles sont devenues de plus en plus visibles et on a commencé à voir des interventions pas toujours justifiées en termes de moyens. » Avec l’arrivée des manifestations sauvages, il est d’autant plus difficile d’être partout à la fois. « On est intéressés par des positions en retrait, dans des rues parallèles, là où il peut y avoir des interpellations isolées. » Parce que si la mobilisation a changé de nature, le maintien de l’ordre aussi.

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Il y a 125 ans, après l’affaire Dreyfus, des résistants ont créé la Ligue des droits de l’Homme dans le but de lutter contre l’injustice antisémite.

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Les observateurs travaillent toujours en équipes de trois personnes : l’une d’entre elles établit un minutier à l’aide de notes vocales, une autre prend des photos et des vidéos, et une dernière assure la sécurité de tous.

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Dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche du 22 avril, 95 représentants d’associations et de syndicats, dont Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme, ont tiré la sonnette d’alarme sur la menace qui pèse sur la liberté d’association.

Agathe Hernier

Crédits photos : LDH