Le Précis – Frontière franco-espagnole : terrain de jeu des politiques migratoires

Depuis deux ans, la frontière entre la France et l’Espagne est verrouillée. La fermeture de quatre points de passage entrave la mobilité des frontaliers, sous prétexte de lutter contre le terrorisme et l’immigration illégale. Une mesure censée être temporaire, mais qui n’en finit plus de durer, suscitant l’indignation des élus locaux et des habitants de la région.

De chaque côté de la Bidassoa, deux villes : Irun, en Espagne, et Hendaye, en France. Deux villes qui ne faisaient qu’une il y a peu de temps. Depuis deux ans maintenant, la frontière franco-espagnole s’est réinstallée dans cette région transfrontalière. Depuis, il faut s’imaginer un poste de contrôle érigé en plein milieu du pont de Santiago, reliant les deux villes. Tout a commencé avec la pandémie. L’Espagne frappée de plein fouet par le Covid-19, la France prend des mesures drastiques pour protéger ses citoyens. Tout le monde pensait que cela ne durerait qu’un temps, mais hélas, le retour à la normale se fait toujours attendre. La journaliste Annelot Huijgen, du Figaro, partage au micro de Miren Garaicoechea les coulisses de son reportage sur le terrain.

« J’ai discuté avec des hommes politiques locaux, comme le président du gouvernement autonome basque qui ne comprend pas du tout qu’on ne puisse pas rouvrir la frontière », raconte-t-elle. Et pour cause, c’est la France qui est à l’origine de cette décision, « et qui n’a d’ailleurs jamais vraiment informé l’Espagne ». La raison invoquée par la France pour justifier la fermeture de ces quatre points de frontière est double : la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. « En 2021, 13 000 personnes ont été contrôlées à la frontière, mais c’est un pic, habituellement, c’est plutôt autour de 5 000 personnes. » La clôture des frontières ne se fait pas sans conséquences. Faire ses courses ou prendre le bus pour aller à l’école à Saint Jean de Luz n’est plus aussi facile qu’avant. Les migrants, quant à eux, se trouvent dans une situation d’insécurité en tentant de passer la frontière par des moyens qui mettent leur vie en danger. En 2021, trois personnes ont été percutées par un train et cinq noyées en tentant de traverser à la nage.

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En janvier 2021, neuf points de passage autorisés (PPA) ont été fermés. Quatre le sont toujours.

13 000

Selon les chiffres de la préfecture des Pyrénées-Orientales, près de 13 000 personnes en situation irrégulière ont été refoulées à la frontière franco-espagnole en 2021.

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Depuis l’instauration de ces check points, huit personnes ont perdu la vie en tentant de les contourner.

Agathe Hernier

Crédits photos : Miren Garaicoechea