Le Précis – La sororité face au burn-out

À Bordeaux, il existe un lieu où les femmes victimes de burn out peuvent échanger et se confier en toute sororité, une première en France. La Maison des Burn’ettes propose des ateliers, l’accompagnement psychologique jusqu’à la reconversion professionnelle. Un temps de parole et de solidarité qui les aide à avancer et à tourner la page.

Le burn-out est l’un des mots indicibles de nos sociétés contemporaines. La Haute Autorité de Santé le définit comme un « épuisement professionnel, qui se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes ». Les personnes qui en sont victimes sont parfois seules face à elles-mêmes. Pour y remédier, Anne-Sophie Vives, notaire, a créé la Maison des Burn’ettes, un lieu où les femmes en souffrance peuvent échanger et être soutenues. Des ateliers de soutien et d’accompagnement sont notamment organisés. Dans notre épisode du 20 janvier, notre reporter Raphaël Lardeur a assisté à l’un d’eux. « L’objectif, c’est de recréer du lien là où il y a de l’isolement », assure Anne-Sophie Vives. La structure est unique en France mais déjà très utile. En février 2017, la fondatrice s’est vue diagnostiquer un burn-out après une chute. À l’époque, aucune structure n’existe pour la prendre en charge. Elle décrit « une solitude extrême, une grande souffrance, une errance médicale » et la honte qui les accompagne.

L’association veut donc venir en aide principalement aux femmes, même si les hommes sont les bienvenus. « À la base, il y a cette réflexion sociétale de la place de la femme dans le monde du travail. Nous avions pour vocation d’alerter les politiques sur les problématiques de santé des femmes. Un lien entre thérapie et sororité. » Magalie, une femme présente ce jour là, apprécie ces efforts. Mère de deux enfants, elle a été professeure des écoles pendant 20 ans mais est arrêtée depuis 10 mois. Pour aller mieux, elle participe à ces ateliers. Il en existe une vingtaine par mois dans la Maison des Burn’ettes, ouverte depuis 2021. « C’est vraiment un lieu ressource. C’est comme un cocon… J’aime bien y venir », confie-t-elle. Un quasi sanctuaire salvateur dont l’importance est attestée par les chiffres. Les femmes sont plus stressées au travail. D’après une étude de Viavoice et Harmonie mutuelle en 2022, 21 % des femmes se sentent « émotionnellement vidées par leur travail », contre 11 % des hommes.

L’équipe de Podcastine souhaite rappeler aussi qu’il existe un numéro vert pour accompagner les personnes qui souffrent au travail : le 0 800 13 00 00.

270

La Maison des Burn’ettes a été lancée fin 2021 à Bordeaux, et comptait 270 adhérentes un an plus tard.

480 000

Selon l’Institut de veille sanitaire, 480 000 personnes en France seraient en détresse psychologique au travail. Le burn-out en concernerait 7 %, soit 30 000.

21%

21 % des femmes se sentent « émotionnellement vidées par leur travail », contre 11 % des hommes.

Alexandre Camino

Crédits photo : Raphaël Lardeur

En écho à notre épisode : «Aux Burn’ettes, la parole après le burn-out  »