Le Précis – Les charlatans bordelais de la chirurgie

En parallèle de la démocratisation de la chirurgie esthétique auprès du grand public en France, y compris chez les jeunes, des cabinets clandestins ouvrent leurs portes à Bordeaux. De faux médecins rabaissent leurs coûts pour vendre des pratiques dangereuses, à l’image du « Docteur Masha », visée par la justice.

Tandis que la chirurgie esthétique se démocratise grâce à des prix attractifs, des praticiens peu scrupuleux proposent des actes rapides et peu onéreux. Des interventions illégales, qui peuvent avoir de lourdes conséquences. La ville de Bordeaux n’échappe pas au phénomène, puisque plusieurs cabinets clandestins y ont ouverts leurs portes. C’est ce qu’explique Raphaël Lardeur dans son article « À Bordeaux, les injections sauvages du Doctor Masha », paru dans Le Figaro. Notre reporter Gabriel Taïeb l’a interrogé concernant le succès de nouvelles pratiques de chirurgies chez les jeunes. « BBL, Fox eyes, Russian Lips… Ce sont des techniques de chirurgie esthétique. Elles consistent en l’augmentation du volume des fesses, l’allongement des yeux ou encore le gonflement des lèvres », détaille Raphaël Lardeur. Des actes populaires auprès des adolescents ayant grandi devant les émissions de téléréalité. « Le public est influençable et vulnérable. » Les interventions sont mises en avant sur les réseaux sociaux (Instagram, TikTok). Des tutoriels expliquent comment s’injecter l’acide hyaluronique au niveau des lèvres ou des yeux. « Des faux médecins font de la promo de leurs techniques auprès des jeunes sur les réseaux », ajoute le journaliste.

Ces opérations, en elles-mêmes, ne présentent pas de dangers particuliers pour la santé et peuvent « permettre de se sentir mieux dans son corps », lorsqu’elles sont réalisées par des professionnels de santé agréés. Le problème survient lorsque des charlatans promettent des interventions plus rapides et deux fois moins chères que celles réalisées par des dermatologues. Parmi les protagonistes d’un phénomène devenu bordelais, un surnom semble émerger : le « Doctor Masha ». « Beaucoup de patients se sont plains de sa manière de faire. Ils avaient des problèmes après ses interventions : saignements, nécroses, visages défigurés etc. », explique le journaliste. Cette femme a officié en Russie mais travaille depuis 2 ans à Bordeaux. La praticienne mettait en avant des diplômes sur son site internet, fermé depuis les premières enquêtes la visant. Elle déménage régulièrement son cabinet. En novembre 2021, le Conseil national des médecins poussé par le collectif Vigilance esthétique, à déposé plainte au parquet de Bordeaux contre elle, pour exercice illégale de la médecine. « L’enquête est en cours », assure Raphaël Lardeur.

10

Une dizaine de cabinets clandestins de chirurgie officieraient à Bordeaux.

18-35

Les femmes de 18 – 34 ans recourent plus à la chirurgie esthétique que celles de 30 – 50 ans.

200

Dans un cabinet clandestin, le « Russian Lips » coûte 200 à 250 €, contre le double chez des professionnels agréés.

Alexandre Camino