Le Précis – L’exil républicain en Aquitaine, un chapitre méconnu de l’Histoire 2/8

Il y a 80 ans, l’Espagne tombe aux mains du général Franco, entraînant un exode massif de réfugiés vers la France. Parmi eux, plusieurs milliers ont trouvé refuge en Aquitaine, où ils ont reconstruit leur vie. Dans cette série d’épisodes, Podcastine se penche sur l’accueil réservé aux Républicains espagnols dans le sud-ouest. Loin d’être une histoire du passé, ces récits montrent les traces qu’ils ont laissées et les combats que certains ont continués, parfois au sein de la Résistance. Épisode 2. 

 

Teresa Ballesteros, une femme âgée de 90 ans, a fui l’Espagne pendant la guerre civile et vit à Bordeaux depuis 1949. Sa maison dans le quartier des Nansouty est décorée à la manière andalouse, avec un patio rempli de fleurs et des pots en céramique colorés. Teresa se souvient de la période sombre de la guerre civile espagnole. « Quand la guerre a commencé, mes parents ont dû partir de la province de Cordoue. Ma mère était enceinte et nous étions trois sœurs. Nous nous sommes réfugiés en Andalousie pendant un certain temps. » Malheureusement, sa mère est décédée lors de l’accouchement de son petit frère, et leur père a été mobilisé. Teresa et ses frères et sœurs ont été séparés et confiés à différentes familles d’accueil. Ils ont traversé les Pyrénées pour rejoindre la France lorsque les frontières se sont ouvertes, après treize longues années d’attente. « On devait se prendre la main et ne pas se lâcher. » En France, Teresa a travaillé comme femme de ménage pendant plus de 20 ans, n’ayant pas eu la possibilité d’aller à l’école en raison du manque de conditions d’accueil favorables. Elle n’a pas mis les pieds en Espagne depuis 34 ans.


Une autre réfugiée espagnole, Josefa Cornell, raconte son histoire depuis sa maison à Floirac. À l’âge de 5 ans, elle est arrivée à Bordeaux et a été accueillie par sa tante et sa grand-mère. Elle se rappelle avec émotion les événements qui ont marqué son enfance pendant la guerre en Aragon. « Je ne vais plus à l’école, les grandes personnes sont pressées, elles ne rient plus. Je vois ma maman pleurer, et je le dis à ma poupée », écrit-elle dans son autobiographie qu’elle lit à Maria. Valderrama. Elle aussi a fini par traverser les Pyrénées. « En même temps, on a la conscience qu’il se passe quelque chose d’important. Et en même temps, on est une enfant, alors je pense qu’on ne le vit pas dans une vraie réalité. » Pendant six mois, elle a été cachée clandestinement par sa tante et a été séparée de ses parents pendant plusieurs années. Aujourd’hui, Josefa considère son parcours comme une « seconde naissance ». 


Agathe Hernier

Crédits photos : Atelier Bleu Corail