Le Précis – L’exil républicain en Aquitaine, un chapitre méconnu de l’Histoire 1/8

Il y a 80 ans, l’Espagne tombe aux mains du général Franco, entraînant un exode massif de réfugiés vers la France. Parmi eux, plusieurs milliers ont trouvé refuge en Aquitaine, où ils ont reconstruit leur vie. Dans cette série d’épisodes, Podcastine se penche sur l’accueil réservé aux Républicains espagnols dans le sud-ouest. Loin d’être une histoire du passé, ces récits montrent les traces qu’ils ont laissées et les combats que certains ont continués, parfois au sein de la Résistance. Épisode 1. 

 

Le 5 septembre 1936, la violente bataille d’Irun déclenche un exode massif. Des milliers de personnes s’enfuient de la région, laissant derrière elles les derniers défenseurs. Ces événements génèrent à la fois une vague de solidarité et des incidents qui choquent la population locale. Aujourd’hui, Bordeaux abrite une importante communauté de descendants de cet exode républicain, un aspect souvent méconnu par rapport à la renommée de Toulouse. Pourtant, Bordeaux a joué un rôle stratégique essentiel. Dans ce premier épisode, Maria Valderrama raconte comment la guerre d’Espagne est arrivée aux portes françaises. 


En 2020, l’exposition « Libertad » par l’historien Bernard Lavallée retrace l’histoire de celles et ceux qui ont fui l’Espagne et le franquisme. Pour lui, « la guerre civile a servi de révélateur des tensions au sein de la société française, parce que derrière se pose le problème en France de l’avenir du Front populaire et des forces de l’extrême droite qui étaient très puissantes, notamment à Bordeaux. » À ce moment-là, en Espagne, la guerre civile opposait l’armée et la bourgeoisie qui refusaient de renoncer à leurs privilèges à une république qui symbolisait l’espoir pour les classes populaires. Dans un pays où plus d’un tiers de la population était analphabète, le gouvernement espagnol cherchait à rendre l’école laïque, gratuite et mixte. Si la jeune république espagnole était loin d’être parfaite, la constitution promulguée en 1931 était la plus démocratique d’Europe, instaurant « un régime parlementaire » et affirmant des principes égalitaires, dont le « droit de vote des femmes ». Aujourd’hui, peu de personnes peuvent témoigner de cette époque, certaines ne sont jamais retournées en Espagne. Dans le prochain épisode, Maria Valderrama part à la rencontre de ces « gardiennes d’une mémoire oubliée ».

Agathe Hernier

Crédits photos : Atelier Bleu Corail