Le Précis – L’exil républicain en Aquitaine, un chapitre méconnu de l’Histoire 4/8

Il y a 80 ans, l’Espagne tombe aux mains du général Franco, entraînant un exode massif de réfugiés vers la France. Parmi eux, plusieurs milliers ont trouvé refuge en Aquitaine, où ils ont reconstruit leur vie. Dans cette série d’épisodes, Podcastine se penche sur l’accueil réservé aux Républicains espagnols dans le sud-ouest. Loin d’être une histoire du passé, ces récits montrent les traces qu’ils ont laissées et les combats que certains ont continués, parfois au sein de la Résistance. Épisode 4. 

 

Le 20 août 1940, un sombre chapitre de l’histoire s’est écrit à Angoulême, avec le départ du premier convoi de déportation de civils d’Europe occidentale vers un camp nazi. Ce convoi, connu sous le nom de Convoi des 927, était composé de réfugiés espagnols qui fuyaient le régime franquiste. Gregorio Lazaro, fils d’exilés républicains espagnols et président de l’association des Espagnols de Charente s’efforce de préserver la mémoire de ces 927 Espagnols exilés en Allemagne. Leur destin fut tragique : les femmes et les enfants ont été renvoyés à la frontière franco-espagnole, où ils ont été livrés au régime de Franco, tandis que les hommes ont été envoyés à Mauthausen, en Autriche. Peu ont survécu à cet enfer. Gregorio Lazaro parcourt – la région, visitant les collèges et les lycées de Charente, pour raconter cette histoire et tenter de sauver ces victimes de l’oubli qui les guette. Maria Valderrama l’a rejoint lors d’une rencontre au collège Pierre Baudet dans le quatrième épisode de cette série de Podcastine.

En 1936, la guerre éclate à Gironès. Au micro, Conchita partage son récit poignant. Alors que les bombardements se multiplient, des femmes et enfants sont évacués à bord d’un bateau anglais, espérant trouver refuge en Angleterre. Mais en pleine mer, Franco tente de les couler. Par miracle, ils sont autorisés à repartir. Leur espoir d’atteindre l’Angleterre est rapidement balayé lorsqu’ils débarquent à Bordeaux. Contraints de retourner en Espagne, ils subissent les ravages de la guerre avec des bombardements incessants. En 1939, poussés par le désir de fuir, ils tentent de franchir la frontière. « En plein mois de février, sous une tempête de neige terrible. » Leur périple les conduit à Port-Bou, où les gendarmes les accueillent. Après de longs jours d’attente angoissante, ils sont transportés jusqu’à Angoulême, puis conduits dans un camp situé à Ruelle. Malgré les conditions de vie difficiles, la solidarité des habitants de Ruelle leur apporte un réconfort précieux. Un nouvel espoir pointe à l’horizon lorsque les autorités évoquent la création d’un nouveau camp baptisé « le camp des alliés » à Angoulême, en zone libre. Un photographe, chez qui sa mère travaille, décide de les cacher, conscient des menaces qui les entourent. Plus tard, ils découvrent que tous les autres du camp des alliés ont été envoyés en train au camp de concentration de Mauthausen. « Et vous savez, ce monsieur, je l’ai toujours vénéré parce qu’il m’a sauvé la vie. Non seulement moi, mais mon frère. » À Mauthausen, sur les 430 Espagnols d’Angoulême, 354 ont trouvé la mort.

Agathe Hernier

Crédits photos : Atelier Bleu Corail