Le Précis – L’extrême droite griffe Bordeaux, les autorités à la traîne

Depuis un peu plus d’un an, des groupuscules d’extrême-droite commettent des actes violents en toute impunité, visant des associations progressistes, des élus et des lieux de culte. Les autorités publiques et la population sont inquiètes, mais les mesures prises n’ont pas encore porté leurs fruits. Correspondante pour Libération, Eva Fonteneau revient au micro de Podcastine sur son papier consacré à cette résurgence brune.

12 avril 2022. Alors que la marche des fiertés bat son plein à Bordeaux, une poignée de militants d’extrême droite déploie une banderole sur laquelle on peut lire « Protégeons les enfants, stop folie LGBT ». C’est la première action d’une longue série. Depuis lors, la ville a été le théâtre de multiples exactions, certaines allant jusqu’à des agressions violentes contre des passants dans les rues. À commencer par la ratonnade de Saint-Michel que nous raconte Eva Fonteneau, correspondante pour Libération, au micro de Podcastine. « Une dizaine de jeunes masqués et gantés sont descendus dans le quartier, ont commencé à faire des cris de singes dès qu’ils croisent une personne racisée, et ont insulté plusieurs femmes sur leur passage, jusqu’au moment où des passants ont été agressés. » Des voisins ont filmé la scène depuis leurs balcons, fournissant des preuves visuelles qui ont été utilisées lors du procès qui s’est tenu le 23 mars dernier.

Qui se cachent derrière ces violences ? Après sa dissolution en février dernier, le groupuscule appelé « Bordeaux nationalistes » s’est rapidement reformé sous le nom de « La Bastide bordelaise ». Depuis, « ils se font beaucoup plus discrets » et opèrent dans l’ombre. En l’espace de six mois, trente tags à caractère raciste, homophobe et sexiste ont été découverts au petit matin sur les façades d’associations ou d’institutions dans la métropole bordelaise. Des tags que beaucoup associent à ce groupuscule, « même si le lien n’est pas clairement établi ». Les autorités les surveillent de près, mais l’absence de volonté politique est critiquée. Certains pointent notamment du doigt le laxisme de la justice, qui a été plus sévère avec le collectif des Colleureuses qu’avec les membres du groupe d’extrême droite. Et le climat « est de plus en plus anxiogène ». À ce jour, 15 à 20 membres ont été identifiés. Les autorités publiques disent continuer de surveiller la situation de près, mais les associations locales, telles que le Planning familial, la Ligue des droits de l’homme et SOS racisme réclament des mesures concrètes immédiates.

15 à 20

D’après plusieurs sources, ces groupes seraient composés de 15 à 20 individus.

30

En l’espace de six mois, les membres du groupe ont effectué environ trente tags dans la métropole bordelaise.

1er février 2023

Le 1er février 2023, le groupe Bordeaux nationaliste a été dissous et s’est depuis lors renommé La Bastide bordelaise.

Agathe Hernier

Crédits photos : Gabriel Taïeb

En écho à notre épisode : « Bordeaux, peste brune et mains libres »