Depuis leur entrée au parlement, les députés du Rassemblement national adoptent une stratégie de normalisation. Un plan pourtant déjà mis à mal par certains des membres du groupe, y compris les parlementaires de Nouvelle-Aquitaine.
Depuis plusieurs mois, le journaliste Jérémie Lamothe a suivi les débats à l’Assemblée nationale, alors que 89 députés d’extrême-droite y ont fait leur entrée, dont cinq pour la Nouvelle-Aquitaine. Pour M, le magazine du Monde, il signe l’article « À l’Assemblée nationale, le RN se fond dans le paysage ». Dans notre épisode du 28 février, notre reporter Miren Garaicoechea a pu échanger avec le journaliste, originaire d’Orthez, au sujet de ses observations dans l’Hémicycle. « Tout a changé dans cette législature. Le gouvernement n’a plus la majorité absolue. Tout le monde peut gagner contre tout le monde avec des alliances de circonstances », explique-t-il. Selon lui, avec 89 députés, le Rassemblement national a beaucoup de pouvoir.
Pour autant, la stratégie de Marine Le Pen semble être celle de faire en sorte que « son groupe soit considéré, presque, comme les autres ». Ainsi, pas question de faire de vagues. « Une stratégie de normalisation s’opère depuis le début. Le RN veut se fondre dans l’Assemblée et ne plus être vu comme un parti contestataire qui s’oppose aux institutions. Ce fut une réussite. Le groupe a obtenu deux postes de vice-président », rappelle Jérémie Lamothe. La stratégie a néanmoins été fracturée lors de l’incident entourant les propos du député girondin Grégoire de Fournas : « Qu’ils retournent en Afrique ! ». Selon le journaliste, le camp national a fait en sorte que l’incident « soit vite oublié ». Mais il n’est pas isolé pour autant. « Il y a eu d’autres dérapages », regrette-t-il.
89
Lors des élections législatives de 2022, 89 députés d’extrême-droite ont fait leur entrée à l’Assemblée nationale.
5/28
Cinq députés sur 28 en Nouvelle-Aquitaine sont du Rassemblement national
0 depuis 1986
Aucun député d’extrême-droite n’avait été élu dans la région depuis 1986, soit 36 ans. Nous parlions alors, encore, du Front national.
Alexandre Camino
En écho à notre épisode : « À l’Assemblée, la stratégie « caméléon » du RN »