Le Précis – Quand le 115 reste sans répondre

Plusieurs associations bordelaises ont fait constater, par un huissier de justice, les manquements de l’État vis-à-vis des personnes sans-abri qui appellent le 115. Trouver une place en hébergement d’urgence relève du parcours du combattant.

Le 115 est le numéro d’urgence sociale pour les personnes sans abri. Ce numéro permet d’avoir accès à des places d’hébergement d’urgence. D’utilité publique, ce numéro ne répondrait pourtant pas aux attentes et requêtes de ces personnes. Notre journaliste Raphaël Lardeur est entré en contact avec plusieurs associations de maraudes, telles Bienvenue Réfugiés ou Solacmi. Elles ont fait appel à un commissaire de justice pour constater les difficultés à joindre le 115. Celui-ci était notamment aux côtés de Rosine, une sexagénaire à la rue depuis de nombreuses années, au moment de son appel. Au bout d’une heure d’attente et d’une trentaine de tentatives : aucune réponse. Un cas loin d’être isolé, selon Bernie Calatayud, de Bienvenue Réfugiés. « Sur le terrain, on voit bien que les personnes n’ont pas de réponse. » 

Sur le chemin de l’hébergement, les embûches se succèdent. Car même si, par chance, quelqu’un décroche, rien n’est fait. À l’image de Rosine, les personnes sans-abri ne parlent pas toujours très bien français. Sans compter que les dossiers informatiques ne sont pas toujours actualisés. Difficile alors de gagner sa place au chaud. Parfois, des personnes à la rue perdent même leurs places parce que leur nom est mal orthographié. Pour les associations, il faut « constater » tous ces divers obstacles. Car attester officiellement de ces manquements donnerait du poids à la parole des sans-abri et légitimerait les revendications des associations. « L’idée, c’est de montrer qu’il faut augmenter le nombre de places en hébergement d’accueil d’urgence, que les solutions ne sont pas adaptées », explique à nouveau Bernie. À Bordeaux par exemple, ils seraient des centaines à appeler continuellement sans réponse, à espérer trouver un logement pour la nuit.

1000

Les associations réclament au moins 1000 places d’hébergement supplémentaires.

1977

À Bordeaux, 1977 places seraient déjà mises à disposition.

6000

6 000 personnes seraient en mal-logement à Bordeaux.

Alexandre Camino