Le Précis – Sainte-Soline sous tension, entre chaos et instrumentalisation politique

Le 25 mars, la manifestation contre la construction d’une mégabassine dans les Deux-Sèvres s’est soldée par un affrontement violent avec les forces de l’ordre. Depuis lors, différentes versions des événements ont été rapportées et les affrontements ont été utilisés à des fins politiques. Clara Echarri, journaliste de Podcastine et présente sur les lieux pour RTL, revient sur cette journée marquée par des tensions extrêmes et des zones d’incertitude.

Il est 12h à Sainte-Soline. Plusieurs centaines de manifestants cherchent à avancer vers la barrière dressée par les forces de l’ordre autour de la mégabassine. À 12h45, des fourgons prennent feu. À 13h30, au milieu des gaz lacrymogènes, un manifestant est touché à la tête par un projectile et s’effondre. La journaliste de Podcastine, Clara Echarri, était présente sur les lieux lors de la mobilisation du 25 mars contre le projet de mégabassine dans les Deux-Sèvres. Dans cette petite commune de 350 habitants, l’événement a pris une tournure historique et controversée. Dans l’épisode du 6 avril, elle nous fait part de son témoignage, pour mieux comprendre les enjeux de cette journée mouvementée. Elle a accompagné le cortège qui s’est dirigé vers la mégabassine depuis le campement installé dans un champ prêté par un agriculteur. Selon ses propos, « c’était impressionnant de voir cette longue file de manifestants marcher à travers les champs, avec des chants et des orchestres ».

Une fois arrivés à proximité de la réserve d’eau, la situation s’est intensifiée. Entre les forces de l’ordre et les manifestants, c’était « des échanges permanents, dans un panache de fumée de lacrymogène, il y avait beaucoup de bruit ». Elle ne laisse place à aucun doute : la situation était chaotique et les forces de l’ordre ont eu recours de manière massive à la force. Selon le ministère de l’Intérieur, pas moins de 4 000 grenades lacrymogènes et assourdissantes ont été utilisées par les gendarmes et policiers sur place. « C’est inédit. On parle d’une déflagration à 160 décibels, c’est-à-dire à peu près le niveau sonore d’un avion au décollage » assure la journaliste. D’après les autorités, 24 gendarmes ont été blessés au cours des événements. Les organisateurs de la manifestation avancent, eux, un bilan de 200 manifestants blessés. Mais difficile de vérifier ces informations. Par exemple, « tous les blessés ne vont pas se déclarer côté manifestants ». Difficile aussi de faire la distinction entre les symptômes courants comme les maux de tête ou les yeux rouges causés par le gaz lacrymogène et des blessures plus graves. Même les chiffres officiels nécessitent de la prudence. Gérald Darmanin avait avancé en octobre un nombre de policiers et de gendarmes blessés deux voire trois fois supérieur aux chiffres officiels communiqués par la préfecture la veille.

3200

Près de 3 200 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour la manifestation contre le projet de méga-bassines à Sainte-Soline.



4000

Selon le décompte des autorités, les forces de gendarmerie ont fait usage de 4 000 grenades, comprenant des grenades lacrymogènes ainsi que d’autres types de grenades pour désencerclement.

224

224 blessés déclarés. Selon le ministère de l’Intérieur, 24 gendarmes ont été blessés, tandis que les organisateurs de la manifestation évoquent un bilan de 200 manifestants blessés.

Agathe Hernier

Crédits photos : Clara Echarri