Le Précis – Sur les traces de la scène skate bordelaise, épisode 2

Le skateboard va bien au-delà d’être juste un sport de glisse. Son influence est si puissante qu’elle est sollicitée par les conseillers municipaux, qui reconnaissent l’expertise de la communauté en urbanisme. Après des années d’interdictions, Bordeaux a pris la décision de devenir un véritable paradis pour les skateurs du monde entier. À travers cette série, vous découvrirez cet univers où la liberté s’exprime sur quatre roues. Épisode 2.

 

Dans ce deuxième épisode de la série de Floriane Padoan, le skateur professionnel Léo Valls raconte la création d’un collectif avec l’association Boardo. Leur objectif : inscrire le skate à l’agenda politique. « Le skate était considéré comme une nuisance, mais nous voulions montrer que c’était bien plus que ça. » Léo Valls a joué un rôle central dans la mobilisation de la communauté pour faire valoir leurs droits. « Le skate est né dans la rue et il se passera toujours dans la rue. » Dans les années 2000, ils étaient loin d’être les bienvenus à Bordeaux. Les collectivités cherchaient à encadrer la pratique en imposant des interdictions et des amendes. Léo Valls se souvient d’un événement marquant qui a renforcé sa détermination à défendre le skate à Bordeaux. « Un jour, je vois deux jeunes de 14 ans qui sont en train de skater au soleil. La police arrive, les deux jeunes partent en courant immédiatement parce qu’ils savent que c’est interdit. Et un des gamins manque de passer sous le tram. Le tram pile, le gamin tombe par terre. Et là, je me suis dit que c’est plus possible. »

Face à cette réalité, le collectif formé par Léo Valls a engagé des discussions avec les élus locaux et les riverains pour trouver un terrain d’entente. « Nous voulions que les gens comprennent que le skate est un moyen d’expression et un art à part entière. » Leur travail a porté ses fruits. Résultat : des horaires partagés pour la pratique du skateboard dans certains espaces publics, permettant aux skateurs de profiter de l’espace public, mais aussi certaines places de la ville autorisées spécifiquement pour la pratique du skate, offrant un espace dédié et sécurisé. Pour sensibiliser le public à la culture et à l’art du skate, a été organisée une exposition « qui présentait le skate comme une pratique urbaine, ce que c’est réellement, et aussi comme une pratique culturelle et artistique ». À l’issue de laquelle la ville a demandé à Léo Valls de débattre publiquement avec le maire de l’époque, Alain Juppé. Cela a ouvert la voie à un travail à l’échelle de la métropole pour aborder la question de la médiation et de l’intégration du skateboard dans les espaces publics. « À ce moment-là en France, on était un peu les pionniers. »

Agathe Hernier

Crédits photos : David Manaud | @davidmanaud

En écho à notre épisode : « La longue piste du skate – épisode 2 »