Le Précis – Transidentité et soins : appréhension et résilience

Des professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme quant aux parcours de soins des personnes transgenres, encore trop souvent stigmatisées. À Bordeaux, des initiatives sont menées pour améliorer leur prise en charge médicale.

Avant la lecture de cet article, nous tenions à vous avertir qu’il sera ici fait mention de transphobie, de violences envers les personnes LGBTQIA+ et de suicide, c’est pourquoi nous vous invitons à ne pas poursuivre votre lecture si ces sujets sont trop sensibles pour vous. 

Si vous êtes concerné.e par ces problématiques, nous vous rappelons par ailleurs l’existence de numéros d’aide, tels que la ligne d’écoute anonyme de SOS Homophobie, ou encore le numéro national de prévention du suicide, le 31 14.

Malgré les avancées récentes, les personnes transgenres subissent encore de la discrimination et des violences. Environ 86 % des jeunes personnes trans auraient déjà songé à attenter à leur vie, quand 42 % ont déjà tenté de le faire (source : Institut national d’études démographiques, Agence européenne pour les droits fondamentaux). Une dure réalité à laquelle ne se soustrait pas le monde médical. Dans notre épisode du 4 janvier, Gabriel Taïeb a pu échanger avec la psychologue clinicienne Pauline Garcia, de l’Espace Santé Étudiants du campus universitaire bordelais. « Je vois que mes patients expérimentent énormément de défaillances. L’accès aux soins, c’est encore le parcours du combattant », regrette-t-elle. Avec des collègues, elle essaye de former un réseau de professionnels compétents, vers qui les personnes transgenres pourraient se tourner en cas de besoin. « Pour trouver un psychiatre bienveillant et ouvert, c’est l’enfer », lance-t-elle. Shan, jeune homme trans de 24 ans, confirme la lourdeur de certaines procédures : « J’ai attendu un délai de 6 mois pour commencer les hormones, 2 ans pour pouvoir effectuer une mammectomie. C’était très, très long », se remémore-t-il. 

Le parcours est parfois difficile, mais les efforts sur la formation et la médiatisation du sujet commencent à porter leurs fruits. « Localement (à Bordeaux, NDLR), énormément d’associations et de collectifs font le travail d’accompagnement ou de réseau de santé. » Pauline Garcia cite plusieurs exemples : Wake Up !, le Girofard mais aussi Transgender. Shan y a été suivi. « Cela s’est bien passé dans l’ensemble. Je me suis senti écouté. » Que ce soit en association ou auprès de son médecin généraliste, le jeune homme confie avoir « eu un parcours sans accro grave », à la seule exception des fameux délais chez Transgender puis de l’absence de suivi, dus également au manque de personnel qualifié et à la très grande demande. « C’est important de former les professionnels de santé sur la question de la transidentité », rabâche Pauline Garcia. Une fois un rendez-vous obtenu (pour l’injection d’hormones ou pour une opération), Shan voudrait également qu’il soit moins strict et plus efficace. Les vérifications psychologiques prennent selon lui beaucoup trop de temps et de place. « Je comprends qu’il y ait besoin d’un suivi pour certains, mais il faudrait laisser la liberté aux personnes transgenres de choisir comment ils veulent procéder. C’est important de laisser la place à l’autodétermination. Qui sait mieux que nous ce que l’on est ? ».

6/10

6 jeunes personnes transgenres sur 10 subissent des violences intrafamiliales.

1/5e

1/5e des jeunes personnes trans est exclu du domicile parental.

86 %

86 % des jeunes personnes transgenres auraient déjà songé à attenter à leur vie, quand 42 % ont déjà tenté de le faire.

Alexandre Camino