En écho à notre épisode : « Violences faites aux femmes, La République en marche à la traîne »
Décriée depuis des jours autant au niveau local que national, Jérôme Peyrat, condamné pour violence envers son ex-compagne, a finalement jeté l’éponge et ne se présentera pas dans la 4e circonscription de Dordogne.
Clap de fin pour la candidature du maire de la Roque-Gageac, Jérôme Peyrat pour la 4e circonscription de la Dordogne pour ces élections législatives 2022. Au coeur d’une polémique depuis des jours, le candidat a finalement rendu sa décision mercredi en fin d’après-midi dans un communiqué : « J’entends que ma candidature […] pourrait porter atteinte à ma famille politique. Je la retire ». Jérôme Peyrat invite néanmoins « à regarder précisément les faits qui me sont reprochés, la décision de justice et les autres décisions prises dans cette affaire ».
L’élu avait fait l’objet d’une enquête en janvier 2020, après des accusations portées par son ex-femme de violences suite à une dispute dans le huis clos d’une voiture. Des violences qui avaient notamment causé 14 jours d’ITT pour la compagne de Jérôme Peyrat. En septembre 2020, Jérôme Peyrat avait finalement été condamné à 3000 euros d’amende avec sursis pour violences conjugales sur son ex-compagne. Cette dernière a aussi été condamnée en novembre 2020 à une amende pour outrage et appels malveillants à l’encontre de son ex-mari.
Pourtant, comme nous l’avions exploré dans notre épisode, cette condamnation n’avait eu que peu d’impact sur la carrière politique de l’élu. Si Jérôme Peyrat avait du démissionner de son poste de conseiller à l’Élysée après l’accusation, sa condamnation elle ne l’avait pas empêché d’être investi par le parti LREM pour les régionales de 2021, élection au cours de laquelle il obtiendra un mandat de conseiller régional. Une réhabilitation politique déjà défendue à l’époque par Stanislas Guérini qui l’avait également nommé conseiller politique à la délégation générale du parti.
L’élection de trop ?
Un an plus tard, Jérôme Peyrat était officiellement investi par le parti présidentiel pour ces élections législatives dans la 4e circonscription de Dordogne. La République en Marche Dordogne lui apportait également son soutien le 16 mai via un communiqué, soulignant son engagement « depuis plus de 20 ans comme maire et élu à la région. »
Après les remous de l’affaire de Taha Bouhafs et d’autres accusations envers des candidats LREM, les voix appelant à son départ étaient de plus en plus pressantes, que ce soit au niveau national ou même local. Une lettre ouverte adressée au président Macron avait également été écrite par des militantes féministes, en vain.
C’est finalement une interview et une défense discutable du candidat par Stanislas Guerini qui semble avoir fait basculer le sort de Jérôme Peyrat. Interrogé au micro de France info, le délégué général de La République en Marche justifiait d’une affaire complexe, et affirmant que le candidat n’a pas été condamné d’inéligibilité et se soumettra au jugement des électeurs : « C’est un honnête homme, je ne le crois pas capable de violence sur les femmes», a-t-il déclaré. Des propos qui n’ont pas tardé à faire réagir la classe politique.
Quelques heures plus tard, le délégué général de LREM faisait volte-face sur son compte Twitter et a reconnu des propos qui « ont pu heurter et blesser » : « Pour ne laisser aucune place à l’ambiguïté sur nos engagements, j’ai échangé avec Jérôme Peyrat ce jour, et nous avons convenu ensemble qu’il retire sa candidature ».
Un retrait qui intervient quelques jours avant la limite légale du dépôt des candidatures le vendredi 20 mai. À quelques heures de l’échéance, Ensemble ! par la voix de son représentant départemental a finalement décidé de n’investir personne à la place de Jérôme Peyrat dans le Sarladais. Avec sa candidature, autrefois dissidente, la députée sortante LREM Jacqueline Dubois sera donc la seule représentante, non officielle, du camp présidentiel dans cette 4e circonscription.
Martin Nolibé
Crédit photo : Clapra, CC BY-SA 4.0 via Wkimedia Commons