Les chasseurs, un électorat volatile ?

A l’approche des élections régionales et départementales, qui se tiendront en juin, les chasseurs français constituent un enjeu électoral non négligeable.

La France compterait un peu plus d’un million de chasseurs, d’après les validations annuelles de permis de chasse à échelle nationale. Publiée le 24 avril dernier, une enquête de l’Institut d’Études Opinion et Marketing en France et à l’International (IFOP) – auprès de 2000 Français – révèle que les chasseurs (et anciens chasseurs) seraient en fait estimés à 4 millions d’individus sur le territoire. Un Français sur dix déclare être ou avoir été chasseur tandis que 38% des Français déclarent « connaître au moins un chasseur dans leur entourage » stipule l’enquête.
Sur-représentés dans certaines catégories sociales et professionnelles, telles que les classes issues de milieux populaires – les agriculteurs (5%), les ouvriers (16%), les retraités (34%) -, l’étude IFOP ne compterait que 8% de chasseurs parmi les professions intermédiaires et les cadres.

Vers une « droitisation » de l’électorat

Une enquête, émanant du même institut de sondage et datant mars 2013, estime à 19% les chasseurs se disant proches de l’UMP (aujourd’hui devenu Les Républicains). Dans le même temps, sur 100 chasseurs, 17 se déclaraient proches du Parti socialiste (PS) et 13 du Parti communiste, « dont les élus présentent et défendent souvent le droit de chasse comme l’un des acquis de la Révolution » A l’inverse, « dans la lignée d’un vote relativement protestataire et anti-européen », 15 chasseurs sur 100 se déclarent politiquement proches du Front national. L’orientation politique des chasseurs est donc hétérogène en 2013. Selon le politologue Olivier Rouquan, dans un article du Parisien-Aujourd’hui en France datant de septembre 2018, cette « droitisation » du vote des chasseurs s’explique :

« à la fin des années 1990, les chasseurs étaient en opposition tranchée au gouvernement Jospin et à la ministre de l’Environnement Dominique Voynet. Il y a eu une stratégie de radicalisation et de polarisation du mouvement vers la droite »

C’est sans doute pourquoi Jean Saint-Josse, candidat à l’élection présidentielle de 2002 a récolté 4,23% des suffrages.
Cette spécificité droitière de l’électorat chasseur s’exprime surtout par un vote significatif en faveur de l’extrême-droite : « si en 2007 Jean-Marie Le Pen ne recueillait que 16% du vote des chasseurs (contre 10,5 % au niveau national), sa fille Marine en a obtenu 25% » précise l’étude En récoltant auprès cet électorat 7 points de plus que son score moyen, la présidente du Rassemblement National (RN) arrive en seconde position, à 3 points seulement de Nicolas Sarkozy, tout en devançant de deux points François Hollande.
Le penchant de la chasse en faveur du Rassemblement National s’est confirmé à l’occasion des élections présidentielles de 2017 : 30 % d’entre eux ont voté pour la candidate Marine Le Pen.

Jérôme Fourquet, le directeur du département opinion de l’IFOP assure que « il n’y a jamais eu de vote massif et réellement homogène chez les chasseurs ». N’étant acquis à aucune orientation politique, les chasseurs font souvent l’objet d’une attention particulière en période de campagne électorale, notamment avec les élections départementales à venir…

 

Crédit photo : Matthew Maaskant I Unsplash

                                                                                                                 Lisa Fégné