EN ÉCHO À NOTRE ÉPISODE DU MERCREDI 7 JUILLET : « Oléron, une île mouvante »
En Nouvelle-Aquitaine, le littoral est grignoté par une avancée de la mer sur les terres. Un phénomène observé par Camille André, chargé de mission de gestion des risques au GIP Littoral de Nouvelle-Aquitaine.
Podcastine : Comment procède le GIP pour observer et analyser les évolutions du milieu naturel côtier ?
Camille André : Durant l’hiver 2013/2014, le recul du trait de côte a atteint en certains points la position prévue pour 2020, voire 2040. Après ces tempêtes, les connaissances produites sur l’aléa érosion sont devenues obsolètes. Il était donc nécessaire de réévaluer les projections de recul du trait de côte et d’actualiser l’évaluation des enjeux menacés en prenant en compte ces nouvelles projections. Le GIP Littoral de Nouvelle-Aquitaine établit des études sur les risques littoraux à venir. Pour appréhender ces phénomènes de modification de l’espace naturel, en fonction des résultats des études, nous mettons en place des stratégies régionales de gestion de la bande côtière, déclinant ainsi la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte, publiée la même année par le Ministère de l’Écologie. Cette stratégie nous permet d’établir un diagnostic de la sensibilité régionale à l’érosion côtière.
Pour réaliser ces diagnostics, quelles méthodologies utilisez-vous ?
Nous sommes en relation avec l’Observatoire de la Côte Aquitaine. À partir des éléments techniques et scientifiques qu’il nous communique, nous en élaborons une analyse et en déduisons le choix le plus optimal à adopter pour appréhender les changements de notre environnement naturel. Aujourd’hui, les relevés sont réalisés directement sur le littoral pour en constater le niveau du trait de côte. Tandis qu’avant, nous retrouvions le trait de côte en comparant des photos aériennes prises chaque année depuis les années 1950. Observer les mouvements du trait de côte, nous permet de mieux nous projeter : la vitesse de retrait du trait de côte nous fait constater à quel point le recul du littoral est flagrant. Il faut savoir qu’en Gironde nous avons perdu, en moyenne, 2,5 mètres chaque année ; et ce, depuis cinquante ans. Donc, sur le demi-siècle qui vient de s’écouler, 150 mètres de recul de côte ont disparu. D’autant que nous ne sommes pas capables de prévoir certains événements brutaux, comme la violence des tempêtes de ces dernières décennies. En 2014, ce sont 40 mètres de recul de côte que nous avons constatés.
Qu’en est-il des recommandations concernant la population ?
De ce que nous avons établi comme diagnostic, ce sont 5 800 appartements et maisons qui sont voués à être menacés à l’horizon 2050. D’autant que les communes de Capbreton et Lacanau poursuivront leur politique d’urbanisation, augmentant ainsi le nombre de logements ; d’où ce chiffre qui peut paraître excessif. Pour éviter les migrations de populations de notre territoire, il faut envisager de trouver des solutions durables et non plus exceptionnelles, comme cela a été le cas avec le bâtiment Le Signal de Soulac-sur-Mer. Aujourd’hui, le risque est déjà imminent concernant les logements de Biscarrosse, du Cap Ferret ou encore de Lacanau.
Crédit photo : Pixabay
Lisa Fégné