Pilule : la liberté sous effets secondaires (Partie 2/2)

En écho à notre épisode “Ragnagnas Party : lever enfin les tabous

Depuis le 1er janvier 2022, la plupart des contraceptions féminines sont gratuites jusqu’à 25 ans. La pilule contraceptive reste le premier moyen proposé aux jeunes filles, mais les effets secondaires sont fréquents et parfois lourds.

 

Laura* a pris la pilule pendant sept ans, sans problèmes particuliers. Mais il y a quelques mois, une conversation avec une gynécologue a changé la donne : « Elle m’a appris que l’un des principaux effets secondaires de ma pilule était la formation de plaques de cholestérol. On ne me l’avait jamais dit et comme dans ma famille, il y a eu plusieurs cas d’accidents cardiaques, ma prédisposition génétique faisait que cette pilule n’était pas adaptée. » Laura a d’abord fait le choix de poursuivre avec la même contraception, à laquelle elle était habituée, « mais petit à petit, ça a commencé à me tracasser. L’idée a fait son chemin et quelques mois après, j’ai arrêté. J’avais aussi envie de retrouver mon corps sans hormones artificielles ».

 

L’arrêt ne s’est pas fait sans mal, et Laura évoque « un long parcours pour purger son corps de ces hormones ». La jeune femme de 26 ans perd énormément de cheveux, est sujette à de l’acné et surtout, retrouve des cycles irréguliers et des règles abondantes et douloureuses. « Honnêtement, c’est vrai que les fausses règles de la pilule, c’était un confort. » Mais elle renoue aussi avec une part d’elle-même : « J’ai réalisé que la pilule jouait sur mon humeur depuis des années, sans que je m’en rende compte. Elle inhibait ma joie. Depuis l’arrêt, j’ai retrouvé un sentiment de bien-être, des moments de joie spontanée que je n’avais jamais avant. » Après l’arrêt de la pilule, Juliette aussi a eu l’impression de se redécouvrir : « comme j’avais commencé à la prendre au moment où j’ai rencontré mon premier copain, tout mon apprentissage de la libido s’était fait sous pilule. J’avais envie tout le temps, mais pas à fond. Depuis l’arrêt, j’ai envie moins souvent, mais j’ai vraiment envie. »

 

« Renaissance utérine »

 

Charlotte*, de son côté, a décidé de faire une pause d’un an dans sa contraception, « par curiosité, je voulais voir comment mon corps fonctionnait seul ». Une décision prise au terme d’un parcours particulier : Charlotte a pris la pilule de ses 15 ans jusqu’à la quarantaine, hormis les interruptions au moment de ses grossesses, sans effets secondaires. « Et puis un jour, mes cycles sont devenus irréguliers. Je n’étais pas à l’aise avec l’idée de continuer à prendre une pilule qui me réglait mal, je ne voulais pas non plus de stérilet… Donc mon gynécologue m’a proposé un traitement hormonal. » Pendant quelques semaines, elle prend plusieurs comprimés par jour, mais se sent « gonflée, au niveau du ventre, des jambes ». Elle décide d’arrêter le traitement, et ne reprend pas d’autre moyen de contraception. Au bout de trois mois, la quadragénaire retrouve des cycles réguliers. «  C’était une sorte de réconciliation avec mon corps, une renaissance utérine ! »

 

Finalement, pour être sereine lors de ses rapports, Charlotte finit par retourner chez le gynécologue. « Je m’étais résignée à l’idée de me faire poser un stérilet, même si je n’étais pas à l’aise avec l’idée d’avoir un corps étranger dans mon vagin ». C’est aussi la solution envisagée par Laura, sans enthousiasme : « je n’ai vraiment pas envie, mais bon… C’est mieux que de revenir aux hormones. » En conclusion, Charlotte salue tout de même l’existence de la pilule, légalisée en France en 1967 : « La pilule, ça fait des femmes libres ». Des femmes qui, aujourd’hui, cherchent à concilier liberté et bien-être.

 

Mathilde Loeuille

 

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des interlocutrices.

Crédit photo : rhsupplies/Unsplash