Présidentielle 2022, la voix des assos – Prendre Soin du Lien

Chaque vendredi jusqu’à l’élection présidentielle, Podcastine donne la parole à une association pour qu’elle présente ses actions et explique ses attentes vis-à-vis du prochain mandat. Christine Cocuelle a fondé l’Association Prendre Soin du Lien (APSL) en 2008.

 

Podcastine : Pouvez-vous présenter les activités de l’association ?

 

Christine Cocuelle : Je travaille beaucoup avec des structures comme les Centres communaux d’action sociale (CCAS), les établissements médico-sociaux… pour proposer mes services. J’anime par exemple des ateliers sur le bien-vieillir, la mémoire, la nutrition, etc. Toutes les semaines, je rencontre une soixantaine de personnes.

L’association a aussi deux actions phares : Le Lien Aînés, et la Mobil’Aînés. La première a été lancée en 2014, c’est de l’animation en groupe à domicile. Depuis le départ, 70 personnes âgées ont été accompagnées. En ce moment, nous réunissons un groupe de six femmes tous les jeudis, chez l’une d’entre elles ou à l’extérieur. Elles décident de ce qu’elles veulent faire : fêtes d’anniversaire, scrabble, promenades, expositions, etc.

 

Le groupe du jeudi après-midi

 

Je trouve très important de développer ce type d’activités. Aujourd’hui 98% des gens souhaitent vieillir et mourir chez eux. L’opticien, le coiffeur, les soins se font à domicile, c’est super… mais le parent pauvre, c’est le lien social. Les personnes qui ne sont pas entourées par leur famille sont très seules. La relation amicale existe difficilement car elles ont du mal à se déplacer seule, et si elles sont très âgées leurs amis sont, souvent, soit en établissement médico-social, soit décédés. Le Lien Aînés, c’est un peu le « Facebook du 4è âge », mais en réel et pas en virtuel.

La Mobil’Aînés est une marche en déambulateur à roulettes, organisée en binômes intergénérationnels. Cette année, ce sera la dixième édition. La marche a déjà eu lieu à Lormont, Bordeaux, La-Teste-de-Buch, Pessac et Mérignac. J’ai eu cette idée en discutant avec une personne âgée qui n’osait pas sortir de chez elle en déambulateur, car elle avait peur du regard des autres. L’objectif de cette marche, ce n’est pas la performance bien sûr, c’est de changer le regard sur la mobilité des personnes âgées dans l’espace public.

La plupart des participants vivent en établissement médico-social. C’est l’occasion pour eux d’être en contact avec le monde extérieur. Ils peuvent venir avec un binôme déjà formé, que ce soit avec un animateur, un soignant, un membre de la famille, etc. L’association compte aussi une centaine de bénévoles, en plus des 25 qui prennent part à l’organisation, qui peuvent accompagner une personne âgée. L’année dernière, nous avons eu 160 binômes, et 33 établissements médico-sociaux ont participé.

 

Avez-vous l’impression que l’isolement des personnes âgées est suffisamment pris en compte aujourd’hui ?

 

Je dirais qu’avec la pandémie, nous avons tous pris davantage conscience de cet isolement. Il y a eu beaucoup de belles actions solidaires. De notre côté, nous avons fait des émissions à la radio, sur RCF, pour donner la parole aux personnes âgées. « La vie des aînés confinés » laissait la place à ceux qui vivent à domicile et « La vie animée des aînés confinés » mettait en avant les animations proposés dans les établissements médico-sociaux.

 
 
 
Qu’est-ce qui pourrait être fait, selon vous, durant le prochain mandat ?

 

Je ne fais pas de politique politicienne. Au départ, la politique c’était la vie de la cité, le vivre-ensemble, et c’est ce qui m’intéresse. Je pense que les aînés devraient bénéficier d’une aide pour participer à des animations à domicile en groupe. Par exemple, une petite partie du panier de services de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) pourrait être allouée au lien social. Maintenir des activités, garder des objets de motivation, c’est primordial en vieillissant.

Par ailleurs, je trouve que beaucoup de choses commencent à être mises en place. Le rapport ministériel « Nous vieillirons ensemble » a été publié en mai 2021. Que ce soit le plan anti-chute, l’adaptation des logements aux seniors… Les sujets sont pris à bras le corps et il faut que cela continue sur les prochaines années.

Enfin, les associations comme la nôtre vivent aussi grâce aux aides du conseil départemental, de la conférence des financeurs, de AG2R La Mondiale… Nous avons besoin que ces financements perdurent. Ce ne sont pas des projets forcément rentables, mais ils ont une utilité sociale très importante.

 
 
Propos recueillis par Mathilde Loeuille

 

Crédit photos : Association Prendre Soin du Lien