Présidentielle 2022, la voix des assos – Surfrider

Chaque vendredi jusqu’à l’élection présidentielle, Podcastine donne la parole à une association de Nouvelle-Aquitaine pour qu’elle présente ses actions et explique ses attentes vis-à-vis du prochain mandat présidentiel. Vanessa Balci est bénévole pour l’antenne girondine de l’association Surfrider.

 

Podcastine : Pouvez-vous présenter l’association ?

Vanessa Balci : Surfrifer est une association internationale, fondée en 1984 aux Etats-Unis. En France, le siège est à Biarritz depuis 1990. L’antenne de Gironde compte une centaine de bénévoles dont une trentaine très actifs. L’association a pour mission la protection de l’océan, des lacs, rivières, fleuves… à travers trois axes : les déchets aquatiques d’origine humaine échoués en mer, la qualité des eaux de baignade car il existe une pollution chimique invisible, et le rôle majeur que joue l’océan dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Concrètement, pouvez-vous donner quelques exemples d’actions ?

Nous organisons beaucoup de rencontres avec les publics scolaires, pour les sensibiliser, et nous menons des collectes de déchets sur le littoral. En Gironde, nous organisons une dizaine de collectes par an. L’objectif, c’est de sensibiliser les personnes qui viennent, pour qu’elles se rendent compte que la pollution n’a rien à faire là. Les collectes peuvent également être organisées par des personnes qui ne font pas partie de l’association, il suffit de se rendre sur la plateforme initiativeoceane.org. La contrepartie, c’est simplement de nous informer au maximum sur les quantités de déchets ramassés, car toutes les données sont ensuite envoyées au siège pour aider les juristes de l’association à mener un lobbying citoyen auprès des instances politiques. Nous ne voulons pas que les gens pensent qu’ils peuvent continuer à polluer puisque nous nettoierons derrière eux. Nous voulons pointer la responsabilité des consommateurs, et des industriels qui fournissent tous ces déchets plastiques.

Collecte de déchets sur la plage. Crédit Surfrider Gironde

 

Constatez-vous une prise de conscience collective sur ces enjeux ?

Avec les années, on constate que la sensibilisation du public marche. Les gens ne peuvent plus ignorer le problème des microplastiques dans la nature, le fait que les océans sont pollués. En revanche, les volumes de déchets ne diminuent pas. Cela s’explique notamment par l’augmentation démographique en Gironde. La consommation individuelle semble stagner, mais comme on est plus nombreux, il y a plus de déchets.

De leur côté, les grandes industries rient bien de nos petits efforts sur les plages. On continue quand même mais c’est insuffisant, il faut exiger un changement sociétal, culturel, qui ne pourra être porté que par une contrainte législative sur les grandes entreprises privées.

 

Justement, que demandez-vous à la future présidente ou au futur président de la République ?

Il faut prendre à bras le corps les enjeux écologiques qui ont été balayés jusqu’ici, et véritablement se poser la question de l’usage du plastique. Nous ne sommes pas anti plastique car il n’y a pas d’autre ressource qui pourrait complètement le remplacer. Mais la moitié des 400 millions de tonnes de plastique produites chaque année sont réservées à des emballages à usage unique. C’est une aberration, un poison éternel car ils sont indestructibles dans la nature. La loi AGEC de 2021, visant à interdire le plastique à usage unique, ne concerne qu’une dizaine de produits du quotidien comme les pailles et les touillettes. Cette loi aurait pu concerner beaucoup plus de produits, mais le lobby des entreprises a fait échouer les amendements portés par les associations. Il faut réserver le plastique aux objets durables. Quand je vois tous les masques à usage unique, les autotests qui ne sont qu’en plastique… On est toujours sur des logiques de consommation en plastique jetable.

Propos recueillis par Mathilde Loeuille

Crédit illustration : Surfrider Gironde