Les affiches électorales sont-elles dépassées ?

En écho à notre épisode « Aux élections régionales, les candidats se tapent l’affiche »

 

Podcast, live sur Twitch, interviews accordées à des youtubeurs… les candidats à la présidentielle s’emparent de tous les formats pour attirer les électeurs. À l’ère de la communication virtuelle, à quoi servent encore les affiches ?

 

Dans son podcast « Valérie raconte Pécresse », la candidate des Républicains raconte ses vacances dans les camps de jeunesses communistes. Les Jeunes avec Macron reprennent les codes des talk-shows américains dans leur émission Poloche, diffusée sur Twitch. De nombreux candidats se succèdent dans le studio du youtubeur Hugo Décrypte, pour expliquer leur programme aux jeunes.

Puisqu’Internet regorge de moyens de se faire connaître, y a-t-il encore un intérêt à coller des affiches vouées à être abîmées par les intempéries et recouvertes par les adversaires ? « Quand on colle une affiche des milliers de gens vont passer devant, qu’ils le veuillent ou non. Sur les réseaux sociaux, c’est plus facile de ne pas suivre nos comptes et de ne pas voir nos visuels », explique Adam Lafon, militant des Jeunes écologistes de Bordeaux-Aquitaine et des Jeunes avec Jadot. « Cela nous permet aussi de cibler des publics précis. Nous on s’adresse aux jeunes, on va donc coller sur tous les campus bordelais. »

 

Être visible dans l’espace public

 

Jean-Jacques Bordes est secrétaire de la section bordelaise du PCF. Depuis deux mois, les militants collent les affiches de leur candidat, Fabien Roussel. « Par respect on ne recouvre pas les affiches des autres candidats de gauche, même si parfois il faut faire des choix quand il n’y a plus de place… par contre pas de quartier pour Pécresse ou Zemmour ! »

Le militant admet ne pas savoir quel impact ont les affiches, mais pense que les collages perdureront. Il poursuit dans un sourire : « Bon, c’est sûr que ce n’est plus l’ambiance de la bataille des affiches dans les années 80, où il fallait presque venir avec des gardes du corps ! » Mais selon lui, « le numérique, ça fait 20 ans qu’on vit avec, et il y a toujours de la communication écrite, que ce soit les tracts politiques ou les publicités laissées dans les boîtes aux lettres. De temps en temps, nos rétines ont besoin d’imprimer un message en dehors des écrans. »

 

Renforcer les liens

 

Dernier intérêt des affiches, et non des moindres : souder les militants. « Lorsque des jeunes nous contactent, on leur propose de venir coller avec nous et souvent, ils adhèrent ensuite », explique Adam Lafon des Jeunes écologistes. « On s’amuse bien, on va boire des coups après. » Même son de cloche du côté du PCF : « Il y a des militants qui adorent coller et qui ne feraient pas autre chose, parce qu’ils ne sont pas à l’aise pour tracter par exemple. Cela permet de les inclure dans la campagne. » Les colleurs attirent souvent l’attention des passants. Jean-Jacques Bordes se souvient avoir discuté une demi-heure avec un curieux, « et pour nous les militants, finalement le plus important c’est ce contact humain. »

Mathilde Loeuille

Crédit photo : Mathilde Loeuille