Chaque vendredi jusqu’à l’élection présidentielle, Podcastine donne la parole à une association de Nouvelle-Aquitaine pour qu’elle explique ses actions ainsi que ses attentes vis-à-vis du prochain mandat. Benjamin Thiant est salarié de l’association Zero Waste Bordeaux
Podcastine : Pouvez-vous présenter votre association ?
Benjamin Thiant : Le réseau Zéro Waste France existe depuis 1 997 et compte plus de 120 groupes locaux. L’antenne bordelaise a été fondée en 2018, nous avons sept administrateurs, un salarié, une trentaine de bénévoles et une quarantaine d’adhérents.
Notre objectif est de sensibiliser le grand public, les entreprises et les collectivités à la réduction des déchets, tout en faisant avancer la réglementation. La « compétence déchets » est gérée par les communautés de communes, d’où l’utilité pour l’association d’avoir des antennes locales.
En trois ans, avez-vous l’impression d’avoir obtenu des avancées au niveau local ?
Nous travaillons en lien avec la métropole et en ce moment particulièrement avec la ville de Bordeaux, pour réfléchir à de nouveaux marchés de collecte des déchets. Nous essayons aussi d’agir en faveur de la consigne, pour faire revenir cette pratique au goût du jour. À Bordeaux, nous avons la chance d’avoir quatre entrepreneurs spécialisés.
Au niveau législatif, normalement en 2 023 les biodéchets comme les épluchures de patates, les restes alimentaires… devront être collectés séparément. Mais comme nous ne pourrons pas forcer les gens à jouer le jeu, c’est important de mener des actions de sensibilisation pour leur faire comprendre que c’est intéressant.
Concrètement, quel est l’intérêt de trier séparément les restes alimentaires ?
Les biodéchets représentent en moyenne un tiers de notre sac poubelle. Si l’on recycle les épluchures, peaux de bananes, plats de pâtes pas terminés… Ils pourront devenir du compost et servir soit aux producteurs locaux, soit à notre propre utilisation pour jardiner. L’idée c’est que la terre revienne à la terre.
Vous avez l’impression que le Zéro déchet va être un sujet de la campagne ?
Non, parce que comme je le disais, la compétence est plutôt locale. Par contre, en anglais « waste » est un terme qui englobe à la fois les notions de déchets et de gaspillage. Nous voulons donc sensibiliser également au gaspillage des ressources naturelles. Pour fabriquer un téléphone portable, par exemple, il faut de nombreuses matières premières comme de l’eau, du gaz, du cobalt… En réalité si je jette mon téléphone à la poubelle, je ne jette pas qu’un appareil de 300 grammes, je jette plus de 180 kilogrammes de matières premières. Notre rapport à la consommation doit donc évoluer.
Et donc concrètement, pensez-vous que l’on puisse changer de modèle en quelques années ?
Non, mais nous pouvons commencer à consommer moins, différemment. Quand le Covid-19 est arrivé, on nous a beaucoup interrogé sur « le monde d’après », et nous répondions toujours avec le mot « sobriété ». Je ne vais pas employer le mot « décroissance »… Mais c’est sûr qu’avec des ressources limitées, on ne peut pas continuer à se comporter de la même manière. Il faut limiter la « fast fashion », ces vêtements qui s’usent en quelques mois et entraînent la surconsommation, encourager les circuits courts et augmenter les aides en faveur de l’agriculture raisonnée, généraliser la consigne. Sur ce dernier point, nous attendions beaucoup de la loi Climat & Résilience, mais en fin de compte il ne va pas se passer grand-chose. Les lobbys, celui du champagne notamment, se sont opposés à l’utilisation généralisée de la consigne.
Nous faisons aussi partie du Réseau Action Climat, qui regroupe une quinzaine d’associations et qui présentera début 2 022 un cahier avec de nombreuses propositions.
Enfin, quand nous voulons peser sur le plan politique, nous pouvous nous appuyer sur certains chiffres. L’impact climatique des déchets en France, par exemple, est évalué à 4% des émissions de gaz à effet de serre selon le Haut Conseil pour le climat.