Chaque vendredi jusqu’à l’élection présidentielle, Podcastine donne la parole à une association de Nouvelle-Aquitaine, afin qu’elle présente ses actions et ses attentes pour le prochain mandat.
Emma Da Silva Carvalho est référente de l’antenne bordelaise de L214, qui compte une centaine de bénévoles.
Podcastine : Quelles sont les actions de L214 ?
Emma Da Silva Carvalho : Au départ, l’association nationale a été créée en 2008 contre le foie gras, avant de se faire connaître avec des enquêtes choc. Nous sommes une association à but abolitionniste, c’est-à-dire que nous voulons abolir toute forme d’élevage. Mais comme cela ne peut pas se faire à court terme, nous essayons d’abord de faire évoluer les lois pour interdire les « pires pratiques ».
Lors des dernières élections municipales, en 2020, nous avons fait signer des chartes à certains candidats comme Pierre Hurmic, aujourd’hui maire de Bordeaux. Nous sommes aussi en contact avec les maires de Pessac et Talence.
Et enfin, nous allons à la rencontre des passants dans les rues, pour les sensibiliser à une alimentation plus végétale et leur donner des clés. Nous avons développé l’application VegOresto, qui recense les adresses vegan.
Vous avez l’impression d’avoir déjà réussi à faire bouger les choses en faveur de votre cause ?
L214 a 47 antennes locales, et lorsqu’on décide de faire pression toutes ensembles, on peut faire bouger les choses. On l’a vu avec Subway récemment, lorsqu’on a milité contre leurs conditions d’élevage et d’abattage des poulets de chair. Nous sommes allés dans les magasins, nous les avons harcelés sur les réseaux sociaux… et ça a eu des effets (ndlr : l’enseigne de restauration américaine a confirmé en août sa volonté d’adhérer d’ici 2 026 à « l’European chicken commitment », une démarche portée par une trentaine d’associations pour demander une meilleure prise en compte du bien-être des poulets d’élevage).
Pensez-vous que le bien-être animal va être un vrai sujet de la campagne présidentielle ?
Aujourd’hui 89% des Français jugent la cause animale importante (ndlr : selon un sondage IFOP de 2019 pour le collectif AnimalPolitique). Nous avons une plateforme « Politique & Animaux » qui note tous les élus selon leur politique vis-à-vis de la condition animale. Emmanuel Macron par exemple a une note de 2,9/20, c’est le meilleur ami des chasseurs.
Certains candidats ont compris qu’il faut prendre en compte le bien-être animal mais il y a encore du chemin à faire, je sens que le sujet sera un grand oublié de la campagne.
Quels sont les domaines dans lesquels il faudrait agir rapidement, selon vous ?
Nous voulons que l’expérimentation animale soit limitée au maximum, que la corrida et la chasse à courre soient interdites, que des mesures soient prises pour le bien-être des animaux dans les zoos et les cirques…
Nous souhaitons également que la viande soit réduite dans la restauration collective au profit du végétal, et sur le volet de l’élevage nous voudrions que l’État cesse de financer l’élevage intensif pour investir dans la production végétale. Cela ferait perdre des emplois mais il faudrait les accompagner dans la reconversion.
Et tout ceci vous semble réalisable sur un mandat ?
Nous ne sommes pas des pros de la politique, mais plein de choses peuvent se faire en cinq ans, notamment le fait d’apporter plus de végétal dans la restauration collective. C’est une question de priorités.
Mathilde Loeuille
Crédit photo : L214