Nous évoquions dans notre épisode « À Pessac, la disparition des pièces rouges menace l’emploi » la possible suppression, dans les prochaines années, des pièces d’un et deux centimes. L’occasion pour Podcastine de collecter vos souvenirs liés à l’argent de poche, à l’époque où quelques pièces constituaient déjà un trésor.

 

Une pièce contre une dent. C’est grâce à la petite souris que Claire a amassé ses premières économies : «  À chaque fois que je perdais une dent, elle m’apportait dix francs ! » La jeune femme se souvient aussi du passage à l’euro, en 2000 : « J’avais l’impression de me faire arnaquer, car à partir de ce moment-là j’avais une pièce de deux euros. Et deux, c’était moins bien que dix. » Pourtant, Claire était gagnante au change, une pièce de deux euros ayant une valeur supérieure à celle de dix francs. Un calcul que Marie avait rapidement fait : « J’étais payée dix francs pour laver la voiture de mes parents, et quand on est passé à l’euro, ma sœur était payée deux euros pour le faire ! J’étais dégoûtée. »

 

Pour s’assurer d’avoir de l’argent de poche, sans passer par l’intermédiaire de la petite souris, Marianne avait de son côté opté pour une procédure stricte : « J’avais fait un contrat à mes parents. S’ils ne me versaient pas dix euros par semaine, ils devaient acheter autre chose en contrepartie. Par exemple, mon père devait payer une croisière à ma mère. Aujourd’hui je me rends compte que ce n’était pas du tout dissuasif. » Le contrat n’a effectivement pas eu l’effet escompté, puisque Marianne a obtenu une seule fois les dix euros. « Ensuite, j’ai oublié l’existence du contrat. Je l’ai retrouvé par hasard l’été dernier », ajoute la jeune femme de 21 ans.

 

Premiers achats

 

Léna et sa sœur ne sont pas passées par un contrat, mais ont insisté pour avoir de l’argent de poche, pour faire comme leurs copains de l’école. Leur mère a cédé, au départ avec un euro tous les mercredis. « J’étais ultra dépensière, j’allais dans un magasin où tout était à deux euros et j’achetais des petits jouets en plastique, des pochettes surprise », se souvient Léna. Vers onze ans, son argent de poche passe à dix euros par mois et la stratégie change : « Je commence à économiser un peu, et deux fois par an je vais tout dépenser à Cultura pour acheter du matériel de loisir créatif : papiers, colle, stylos… »

 

Son premier achat, Théo s’en souvient aussi, et dans les moindres détails. À l’âge de sept ans, il empoche pour la première fois un billet de vingt euros. « Je n’ai même pas imaginé acheter autre chose qu’un CD. J’étais déjà passionné par la musique et l’objet me fascinait. » Au début des années 2000, un CD coûte une vingtaine d’euros, « il fallait donc bien choisir et ne pas se tromper ». Le jeune garçon se rend à Alice Mediastore, magasin de multimédia – fermé depuis – situé dans la zone commerciale de Bordeaux Lac. Devant le rayon, il hésite longuement entre deux albums des Beatles. Théo vient alors de découvrir le groupe grâce à des compilations achetées par ses parents, et c’est le début d’une passion toujours intacte aujourd’hui. « Dans le rayon, j’hésite longtemps entre Sergent Pepper qui est à 23,50 euros, et Magical Mystery Tour, à 23,65 euros. Je me souviens très précisément des prix. » Il repart finalement avec le premier. Le second, puis d’autres CD des Beatles viendront ensuite compléter la collection à chaque fois que Théo reçoit un billet.

 

« J’ai longtemps rêvé que la petite souris m’apporte Abbey Road, mais j’ai fini par me l’acheter moi-même. »

 

Économiser pour mieux dépenser

 

D’autres, stratèges de la finance dès l’adolescence, ont préféré économiser. La sœur de Léna, par exemple, a réussi à accumuler 400 euros pour s’acheter un ordinateur. De son côté, Alexis a réussi à collecter une plus grosse somme encore, avec son cochon tirelire. « C’est parti d’une réflexion quand j’étais petit, en rentrant de chez mes grands-parents. J’avais reçu une petite pièce et je me disais qu’en les économisant, je pourrais devenir riche. » Les années passent, et c’est seulement quelques mois avant ses 18 ans qu’il se décide à acheter une tirelire, « sans ouverture dessous, pour ne pas être tenté de l’ouvrir ». Chaque pièce donnée par ses grands-parents, chaque billet reçu, est glissé dans le cochon. « Quelques jours avant le bac, mes parents ont aussi mis des billets dedans.» Une cérémonie est organisée le jour de sa majorité. Devant sa famille, Alexis explose la tirelire cochon d’un coup de marteau. « Il y avait plein de billets par terre, j’ai adoré ! Il y avait près de 500 euros, mais ensuite j’ai tout dépensé en quelques jours de vacances. »

 

Mathilde Loeuille

Crédit photo : Braňo/Unsplash