En écho à notre épisode « Face au mur, les Mondiaux de pelote basque rebondissent »
La pelote basque poursuit lentement sa féminisation, et les petites filles s’emparent de plus en plus de spécialités considérées comme masculines, comme la main nue.
Dans notre épisode consacré à la pelote basque et son évolution, nous évoquons les pionnières de la pelote basque, dans les années 60 et 70. Les femmes se sont d’abord emparées de la pala, avant de s’intéresser progressivement aux autres spécialités. « Il y a une quinzaine d’années, les jeunes filles ont commencé à intégrer des équipes mixtes de pelote à main nue, mais le règlement nous a empêchés de créer de championnats mixtes au-delà des cadets », se souvient Jean-Michel Garayar, président du Comité Territorial de Pelote du Pays Basque.
Cette spécialité, longtemps considérée comme particulièrement physique et donc réservée aux hommes, a fini par s’ouvrir aux joueuses. Aujourd’hui, les petites filles sont nombreuses à débuter à main nue l’apprentissage de la pelote. Au niveau senior, plusieurs spécialités sont disputées par les femmes en championnat, en paleta gomme pleine et creuse et en frontenis. Enfin, la cesta punta féminine se développe. La discipline, qui sera jouée en coupe de France par équipes ce mois-ci, sera présente pour la première fois aux championnats du monde d’octobre prochain.
Pas assez de femmes dans les institutions
La pratique féminine connaît donc un essor au Pays basque français. Un engouement qui reste toutefois relatif par rapport au Pays basque espagnol. Jean-Michel Garayar analyse : « Là-bas il y a déjà presque un circuit féminin professionnel, mais ça s’explique aussi par les chiffres. Deux millions d’habitants côté espagnol, 300 000 côté français, forcément il y a plus de joueuses en Pays basque sud ».
En 2021, les 62 clubs pilotés par le Comité de Pelote du Pays basque totalisaient 1099 licences féminines, contre 4 025 licences masculines. Pour encourager les filles à pratiquer, trois éducateurs parcourent les écoles et collèges du territoire dans le cadre du projet « Pilota Eskolan », la pelote à l’école. « On en voit déjà les effets, on a de nouvelles recrues » , se félicite le président. Il souligne tout de même que la pratique féminine ne s’est pas encore développée dans certaines disciplines, comme le petit gant : « je n’ai jamais vu de fille essayer et réussir, la gestuelle est difficile car il n’y a pas la possibilité de garder la pelote dans le gant avant de la relancer. Le grand gant, c’est plus facile parce qu’elles peuvent arrêter la pelote et reprendre de l’élan. »
Quid de la présence de femmes aux postes d’entraîneuse ou de dirigeante de club ? « Cela manque toujours, on ne voit pas encore d’évolution dans les institutions. Le problème, c’est que de nombreuses joueuses arrêtent quand elles ont des enfants et ont du mal à reprendre », regrette Jean-Michel Garayar. À quelques exceptions près, comme Maritxu Housset-Chapelet, la quarantaine, doublement médaillée d’or aux championnats du monde de 2018.
Mathilde Loeuille
Crédit illustration : Havang(nl), CC0, via Wikimedia Commons