De la crise climatique à la guerre en Ukraine, la question de l’autonomie alimentaire est sur toutes les bouches. À Urrugne, l’auberge associative Arotzenia, sous la direction d’Antoine Chepy et Bianca Muller, met en avant un système alternatif basé sur des aliments provenant de l’agriculture paysanne locale, remettant en question notre modèle productiviste. Un exemple à suivre, selon Quentin Guillon dans « De la Terre à l’assiette ». L’auteur revient sur cette aventure au micro de Podcastine.
Dans l’univers de la gastronomie, des initiatives bousculent les normes établies. C’est le cas de Bianca Muller et Antoine Chépi, propriétaires de l’auberge Arotzenia à Urrugne. Leur restaurant, qui fonctionne sur un modèle associatif, « rémunère équitablement les agriculteurs locaux ». Le lieu populaire et alternatif a suscité l’intérêt de Quentin Guillon, qui a décidé d’en faire un sujet dans son livre De la Terre à l’assiette. Au micro de Jean Berthelot de La Glétais, il nous raconte comment il a souhaité mettre en lumière cette auberge qui s’oppose au modèle agricole productiviste actuel, qui va à l’encontre des enjeux climatiques auxquels nous sommes confrontés.
Dès l’entrée, l’auberge Arotzenia charme avec « son comptoir » et sa salle spacieuse remplie de « petites tables rapprochées ». Mais ce qui surprend le plus, c’est l’accueil chaleureux de Bianca. Elle brise les barrières traditionnelles en demandant le prénom de chaque client. Ici, le « tu » est vite adopté, créant une relation horizontale entre les clients et les artisans cuisiniers — terme qu’ils préfèrent utiliser plutôt que « chef ». Car Antoine et Bianca ont une « réflexion profonde sur la construction d’un autre modèle gastronomique ». Quentin Guillon est convaincu que le modèle de l’auberge Arotzenia peut être reproduit ailleurs. Des initiatives similaires émergent, « surtout dans les régions rurales de France ». En racontant l’histoire d’Antoine et Bianca, l’auteur souhaite sensibiliser les lecteurs et partager cette « prise de conscience ». Mais aussi remettre en question le système agro-industriel qui a entraîné une forte diminution du nombre de paysans et d’agriculteurs en France, passant de plus de 4 à 5 millions avant la Seconde Guerre mondiale « à moins de 400 000 aujourd’hui ».
2%
Une étude a révélé que les 100 plus grandes aires urbaines en France ont une autonomie alimentaire de seulement 2%, ce qui signifie que 98% de ce qui est consommé à Toulouse ou Bordeaux est importé de l’extérieur.
400 000
Le nombre d’agriculteurs en France est passé de près de 5 millions avant la Seconde Guerre mondiale à moins de 400 000 aujourd’hui.
200
Antoine et Bianca font le choix de s’approvisionner exclusivement auprès de producteurs situés dans un rayon de 200 kilomètres maximum.
Agathe Hernier
Crédits photos : Quentin Guillon
En écho à notre épisode : « De la terre à l’assiette : l’alimentation en question »