Au lycée, genres et sexualités s’invitent grâce à l’association Contact

En écho à notre podcast « Un homo, comme ils disent »

 

(Partie 1/2) L’association Contact, à Bordeaux, propose des temps d’échange aux jeunes LGBT, à leurs proches, ainsi que des interventions en milieu scolaire. Si certains élèves sont très à l’aise avec le sujet de l’homosexualité, il reste tabou pour d’autres.

 

« On leur demande de ne pas se juger entre eux et d’éviter de se juger soi-même. » Myriam Demoisson-Chancerel intervient régulièrement dans les établissements scolaires de Gironde, aux côtés d’autres bénévoles de l’association Contact. Au fil de cet échange de deux heures, ils évoquent les discriminations au sens large, le racisme, le sexisme… pour arriver aux discriminations liées à l’orientation sexuelle et au genre. « En partant d’une thématique large, on parvient à toucher tous les élèves qui ont été victimes un jour d’une forme de discrimination, cela donne un rapport à réalité important », souligne cette mère de famille arrivée dans l’association en 2018.

C’est le coming out de sa fille aînée qui l’a amenée à pousser les portes de l’association Contact pour rejoindre les groupes de paroles dédiés aux personnes LGBT et leurs proches : « j’avais besoin d’entendre, de partager mon expérience ». Ce besoin est l’essence même de l’association, fondée à Paris dans les années 90. « À l’époque, les personnes homos avaient des associations, mais les parents se sentaient un peu oubliés, il n’y avait pas de lieu d’échange pour eux », explique Stéphane Martel, l’un des bénévoles de la branche bordelaise, avant de poursuivre : « Nous n’étions pas dans le contexte sociétal d’aujourd’hui, les proches se posaient beaucoup de questions sur l’insertion dans la vie sociale de leur enfant, sa vie de couple, il y avait la peur du VIH… ». Aujourd’hui, Contact compte une vingtaine d’associations locales.

Myriam est restée dans l’association, et raconte aujourd’hui son parcours de maman aux collégiens et lycéens. « Ils me demandent souvent comment ma fille a fait son coming out, comment j’ai vécu l’annonce et comment le reste de la famille l’a vécue. » Les élèves sont également curieux de connaître la manière dont les bénévoles homosexuels ont vécu leur coming out.

 

Attitudes de rejet

 

Chaque année, les bénévoles de l’association rencontrent entre 1500 et 2000 élèves. Myriam Demoisson-Chancerel observe des réactions très différentes d’une classe à l’autre : « Certains jeunes viennent de milieux où le sujet a déjà été abordé par les parents, les adolescents se sentent sereins, sont ouverts d’esprits, et cela crée des échanges très riches. »

Et puis il y a les élèves avec qui le dialogue se crée plus difficilement : « ils viennent de familles où la tradition pèse beaucoup, où l’homosexualité est abordée sous le prisme de l’intolérance. Il n’est pas question d’imaginer que l’enfant puisse être homosexuel, encore moins si c’est un garçon ». Une éducation qui met les adolescents dans une position de rejet, parfois violent. Myriam se rappelle cet élève qui lui a dit « votre fille, il faudrait la tuer ».

Stéphane Martel évoque également des classes difficiles, où les sujets de l’orientation sexuelle et du genre peuvent à peine être évoqués. « Parfois, malgré tout, au fil de la séance on arrive à dialoguer et les élèves finissent par nous dire que même s’ils ne sont pas d’accord avec notre vision des choses, même s’ils ne comprennent pas la transidentité ou pourquoi les gays peuvent adopter, ils ont trouvé les échanges intéressants. » Aux jeunes LGBT qui évoluent dans des milieux familiaux ou scolaires intolérants et qui craignent de faire leur coming out, Myriam Demoisson-Chancerel conseille surtout « de ne rien faire s’ils ne sentent pas en sécurité. »

 
Mathilde Loeuille

Crédit photo : Association Contact